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23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 11:28
Puis-je vous dire un secret de Mary Jane Clark

Eliza Blake est une présentatrice de télévision au succès grandissant. C’est pourquoi, lorsque Bill Kendall, la star de la chaîne, décède tragiquement, c’est à Eliza que l’on propose le poste envié de présentateur du journal du soir. Les élections nationales, les intrigues et les luttes de pouvoir vont la déstabiliser et c’est grâce à sa grande énergie qu’Eliza va tenter de survivre au propre comme au figuré…

L’intrigue est assez bien menée, et le personnage d’Eliza ne manque pas de présence. Elle est tout à la fois forte dans le milieu professionnel et fragile dans sa vie personnelle où elle élève seule sa fillette Janie, secondée par une nurse si étonnamment compréhensive… Les autres personnages n’ont pas la même densité et jouent plutôt le registre de la caricature.

Le milieu télévisuel américain est parfaitement décrit et ressemble à l’idée que l’on peut s’en faire : arrogant, souvent cynique et prêt à tout pour obtenir le scoop ou le poste envié.

Malgré tout, ce roman pêche par son rythme lent, ses détours lourds et inutiles et son manque de réel suspens. Pendant plus de la moitié de sa lecture, on attend de connaître ce qui va faire de ce roman autre chose qu’un reportage sur le monde de la télévision, la disparition de Bill Kendall peinant à apparaître comme peu naturelle, ce dernier élément, on s’en doute, devant lancer l’intrigue…

Néanmoins, le style est agréable, facile et l’auteure très professionnelle sait éviter ce qui pourrait décourager le lecteur au point d’abandonner le livre en cours de lecture. C’est un assez bon travail de romancière, alors même que son roman sera vite oublié par la suite.

Michelangelo 2016

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2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 12:15
La fosse aux louves de Bertrand Carette

Dans la majestueuse et bucolique région de la Brenne, faite de forêts profondes, d’étangs et de fermes ancestrales, un drame familial va se nouer.

Hélène est une riche et belle propriétaire cinquantenaire propriétaire du domaine la fosse aux louves, avec sa fille Virginie, belle jeune femme solitaire et mère de deux fillettes adorables. Virginie a de fidèles amis qu’elle côtoie depuis sa plus tendre enfance, Alexandre, Damien et Elise. Tout semble aller pour le mieux dans ce paysage merveilleux où l’élevage de chevaux de Virginie rassemble toutes les bonnes volontés et stimule les amitiés.

C’est sans compter sur la bassesse de l’oncle Antoine, envieux et accablé de tous les vices. Il va porter plainte contre la belle Hélène qui devra se défendre d’avoir voulu empoisonner sa vieille tante Elisabeth quatre ans plus tôt et d’avoir capté son immense héritage à son seul profit…

Antoine a des atouts entre les doigts et va mener son affaire avec toute la subtilité d’un individu retors et prêt à tout pour l’emporter. En cela il est parfaitement secondé par le notaire véreux, Maître Vireuse, qui, comme son nom l’indique, n’est pas à une malversation près. Et que dire de ce petit juge d’instruction en quête de gloire et de reconnaissance, Clovis Bertineau ? Son comportement parfaitement abject rivalise de malhonnêteté avec celui d’Antoine et de Vireuse, tous trois faisant partie de la même loge maçonnique…

Il faudra toute la ténacité des amis et avocats d’Hélène pour déjouer les pièges tendus et le retour de l’ancien amant éconduit et désormais célèbre musicien Tristan de l’Escuyer de la Papotière pour mettre fin aux silences dans lesquels les secrets de famille sont maintenus depuis trop longtemps.

Ce roman aux nombreux personnages ferait un téléfilm correct par son mélange de bons sentiments, de perversités, de beaux décors et de caricatures. Hélas, en tant que roman, s’il reste assez agréable à lire, il laisse le lecteur que je suis sur sa faim. Les situations sont convenues, les personnages prévisibles et l’intrigue cousue de fil blanc… Bertrand Carette n’a pas ménagé ses efforts pour mettre en valeur sa région parfaitement magnifiée. En revanche, il a cédé à la facilité en proposant des situations qui laissent un sentiment de déjà-lu assez désagréable.

Je l’ai pris comme tel. J’ai lu cet ouvrage avec le recul que l’on peut manifester à l’égard d’une saga paresseusement filmée, c’est à dire avec l’œil distrait et pas du tout attentif de celui qui veut oublier sa dure journée sans pour autant s’investir dans une activité qui demanderait concentration et effort… Et j’ai parfois été un peu ému, tout aussi paresseusement, au premier degré, ce degré qui fait que l’on peut se laisser aller aux bons sentiments sans pour autant perdre son esprit critique.

Je remercie néanmoins les Presses de la Cité de m’avoir offert ce roman contre une critique objective.

Michelangelo 2016

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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 11:06
Tu es moi de Edmonde Permingeat

Tout commence par un thriller, un peu à la manière d’un roman de Patricia Macdonald. Zoé fréquente un jeune voyou, Léo. Ils trouvent sur Facebook une jeune femme riche, Noëlie, qui étale sa vie sur Internet. Détail incroyable, Noëlie ressemble comme deux gouttes d’eau à Zoé ! Léo imagine alors un plan diabolique : kidnapper Noëlie afin que Zoé prennent sa place… La jeune Zoé devient alors mère de famille et épouse d’un homme très séduisant. Mais les choses ne se présentent pas exactement comme prévu et tout va dérailler…

Si tout commence effectivement comme un thriller très classique, la tournure de l’intrigue nous entraîne doucement vers une romance familiale où les sentiments l’emportent avec un point culminent dans les cent dernières pages où l’on a vraiment l’impression d’avoir changé de registre.

Ce n’est pas un défaut rédhibitoire dans la mesure où l’ouvrage est très agréable à lire avec des personnages bien campés bien qu’un peu caricaturaux. Le style et le rythme imposés par l’auteur permettent de passer un agréable moment, même si la longueur de plus de cinq-cents pages aurait pu être raccourcie, de mon point de vue.

Ce roman a été récompensé par le Prix des lecteurs France-Loisirs en 2015. Cela correspond certainement à une réelle qualité que je ne remettrai pas en cause. Edmonde Permingeat a toutes les qualités pour devenir une romancière populaire remarquée et remarquable. Elle apporte au lecteur une vision du monde idéalisée avec beaucoup de bons sentiments. C’est réjouissant, d’autant qu’on effleure sans danger ni conséquence les travers de l’humanité sans sombrer.

Michelangelo 2016

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 11:20
Délivrance de Jussi Adler Olsen

Je viens de terminer mon premier Adler Olsen... Pour moi, il possède toutes les caractéristiques romanesques des bons écrivains de polars nordiques très en vogue depuis une bonne décennie (norvégiens et islandais en particulier). On retrouve en chacun ce rythme assez lent, cette froideur d’investigation et cette espèce de force surnaturelle qui sont autant de marqueurs pour ces auteurs issus de pays soumis à un climat exigeant où la nuit l’emporte si souvent sur le jour. Pourtant, chaque fois, la dimension humaine est chaude et souvent réconfortante, les personnages attachants, les intrigues tirées au cordeau.

L’enquête du commissaire Morck commence quand une mystérieuse bouteille retrouvée en Ecosse atterrit sur son bureau à Copenhague. L’énigmatique et ancien message qu’elle contient va l’entrainer, lui et son équipe, dans un périple audacieux auprès de sectes religieuses de tous poils…

On remarquera au passage l’énorme travail de documentation de l’écrivain qui rend ces milieux sectaires, très fermés par définition, plus vrais que nature.

On admire également la vraisemblance des membres de son équipe pourtant tellement improbable : Rose, la jeune femme hystérique et schizophrène, Assad, équipier syrien à la silhouette improbable, au phrasé approximatif. Ils ont un point commun, ils sont tous deux d’une extrême efficacité !

Quant à l’inévitable tueur en série d’un genre particulier, il est parfait (trop parfait ?). Cynique, froid, sans sentiments véritablement humains, calculateur et ingénieux. Il n’y a qu’une chose qu’il ne maîtrise pas, le hasard…

Ce roman à succès ne m’aura pas laissé indifférent. Il est original, bien écrit et avec une vraie densité des protagonistes. Juste un petit bémol. La longueur de l’intrigue. On est parfois à deux doigts de l’ennui. Heureusement, l’auteur passe la vitesse supérieure sur les deux-cents dernières pages, rendant la lecture enfin addictive ! C’est probablement la longueur excessive de 680 pages du roman qui est à l’origine de ce travers. On a l’impression que l’enquête n’avance pas et que l’on se perd en tergiversations inutiles… Malgré tout, je suis prêt à recommencer l’expérience avec d’autres enquêtes du commissaire Mork !

Michelangelo 2016

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 17:59
Schlump de Hans Herbert Grimm

Jeune allemand, Schlump a 17 ans quand la Grande Guerre éclate. Il se porte volontaire et se retrouve en France, dans la tranquille gestion de plusieurs villages du Nord de la France. Il devra ensuite rejoindre le front où il va connaître les affres du combat dans les tranchées : la faim, la mort, la saleté, le désespoir et l’enfer sous les bombes. Blessé, puis convalescent, il va reprendre divers travaux de gestion et rencontrer des filles en manque d’amour, des planqués, des opportunistes, de la folie et de l’amitié. Reste à survivre en attendant l’armistice et le retour chez soi…

Réaliste, ce roman plutôt pacifiste, lui valu d’être interdit par les nazis en 1933, et son auteur dut se cacher sous un pseudonyme pour éviter les ennuis.

Schlump traverse la guerre avec une certaine désinvolture teintée de naïveté. Pourtant, ses aventures ne laissent pas le lecteur indifférent. Elles apparaissent comme un témoignage de gens simples sur une époque particulièrement tourmentée et violente. Elles montrent combien les acteurs ordinaires de ce drame font ce qu’ils peuvent pour survivre sans forcément tomber dans la compromission.

Longtemps oublié, ce roman fort est à ranger auprès des grands textes sur la Guerre 14-18 (Les croix de Bois de Dorgelès, A l’Ouest rien de nouveau de Remarque). J’ai particulièrement apprécié l’aspect documentaire qui laisse entrevoir des facettes inconnues, voire étonnantes, de la gestion matérielle et administrative de la zone occupée.

Merci à France-Loisirs d’avoir eu le courage de rééditer ce roman hors du commun, particulièrement dans cette période si troublée où les repères sont si difficiles à trouver car volontairement effacés par ceux que le chaos nourrit.

Michelangelo 2015

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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 11:01
Des garçons bien élevés de Tony Parsons

Une jeune femme est violée puis assassinée par sept jeunes tortionnaires.

Vingt ans plus tard, sept anciens étudiants de la prestigieuse école privée britannique Potter’s Field fondée par Henri VIII se font égorger les uns après les autres…

L’inspecteur Max Wolfe devra mener une enquête difficile parsemée d’embûches où argent, politique, tradition et honneur se mêlent.

Max Wolfe, brutalement quitté par sa femme après la naissance de leur fille Scout, va naviguer vers la vérité au gré de ses intuitions et des interdits qu’on lui impose… Pour résoudre l’énigme, il lui faudra beaucoup de persuasion et de travail sur lui-même.

L’intrigue est parfaitement menée et prend le lecteur à la gorge dès les premières pages. On croit distinguer tout de suite les fils de la situation, mais l’auteur nous emmène sur des chemins de traverse qui vont nous déstabiliser continuellement.

Les personnages, qu’ils soient bons ou mauvais, restent attachants et si proches de nous ou de ce que nous pourrions être, qu’on a du mal parfois à discerner le bien du mal. Qu’est-ce que la vengeance ? Qui mérite de mourir ? Pourquoi ? Qui souffre réellement ici-bas ? Comme souvent en pareille situation, l’auteur nous donne la clé de sortie universelle : seul l’amour peut nous sauver. C’est en son nom que le meilleur comme le pire peuvent être accompli. Le reste est affaire d’interprétation. Toute la force de ce roman est de plonger le lecteur dans cette indécision qui, sans rendre le meurtre excusable, permet au moins de s’interroger sur les valeurs communément admises. Des garçons bien élevés peuvent être des porcs, et parfois les porcs valent mieux qu’eux…

Juste un petit reproche. Le dénouement final tarde à venir et je pense que l’auteur aurait pu éviter des déambulations parfois un peu lourdes ou appuyées avant d’en venir au point final.

Malgré cette légère restriction, je recommande cette lecture à tous les amateurs de nouveauté policière où la psychologie des personnages est aussi importante que la qualité de l’intrigue. Je dois également remercier le site Babelio et les Editions de la Martinière de m’avoir permis de découvrir Tony Parsons dont le talent est indiscutable.

Michelangelo 2015

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12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 18:52
Maillot Noir (Collectif Calibre 35)

A l’occasion du passage du tour de France 2015 entre Rennes et Mûr-de-Bretagne, le collectif rennais d’écrivains de polars Calibre 35 a proposé un recueil de nouvelles sur ce thème. Parmi les auteurs, on retrouvera avec plaisir Hervé Commère dont la notoriété ne cesse de croître…

Chaque nouvelle explore un aspect de la nature humaine autant qu’un aspect trouble du cyclisme professionnel. Si les nouvelles sont de qualité inégale, on ne peut qu’apprécier les efforts manifestes des uns et des autres pour sortir un texte original sur un sujet assez fermé. La nécessaire connaissance du sujet, au-delà des clichés habituels, se retrouve parfois magnifiée ou au contraire caricaturée. C’est un peu le risque de ce genre d’exercice. Toutefois, il est indéniable que l’ensemble des auteurs est animé de la plus grande des bonnes volontés, et on ne ressort pas déçu de notre lecture.

Pour ma part, j’ai évidemment apprécié le travail d’Hervé Commère à qui je peux beaucoup pardonner, même de parfois se répéter (mais avec talent). J’ai découvert avec un vrai plaisir la facilité d’écriture de Frédéric Paulin que j’ai eu la chance de rencontrer lors de la 25ème heure du livre au Mans en octobre 2015 où il siégeait avec Hervé Commère.

Isabelle Amonou m’a également convaincu avec son Tandem parfaitement construit. Nathalie Burel décrit une belle histoire de jalousie féminine assez bien ficelée, Claude Bathany navigue entre sérieux et burlesque, l’inspecteur de Valérie Lys enquête sur un assassinat improbable sur la ligne de départ, Stéphane Grangier nous sert un délire auquel je n’ai guère adhéré, Léonard Taokao caricature une histoire de dopage largement exagérée.

Personnellement amateur de vélo sportif, je conserverai avec attention cet opus comme on garde une relique dont la rareté fait la principale richesse.

Michelangelo 2015

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3 novembre 2015 2 03 /11 /novembre /2015 10:55
La vie devant soi de Emile Ajar (Alias Romain Gary)

Mohammed est le fils d’une prostituée parisienne qui échoue dans la pension de Madame Rosa. Elle devient alors sa seule famille. Madame Rosa, ancienne prostituée elle-même, s’est reconvertie en garde d’enfants un peu particulière à Belleville… C’est une juive miraculée du camp d’Auschwitz qui porte en elle la terreur accumulée lors de cette tragédie. Fatiguée, grosse et malade, elle va nouer avec Momo une relation quasi maternelle forte et partagée. L’amour que lui porte Momo jusqu’à la fin lui permettra d’éviter ce qu’elle redoute le plus : finir comme un légume à l’hôpital.

Voilà bien longtemps que j’avais présent à l’esprit l’impérieuse nécessité de lire ce roman goncourisé en 1975. J’ai réalisé dès les premières pages l’erreur que j’avais commise de remettre cette lecture à plus tard…

Dans le roman, c’est Momo qui relate sa relation avec madame Rosa. L’auteur reprend donc l’écriture et les tournures qui pourraient être celles d’un jeune enfant. Cela donne un ensemble crédible et imagé, teinté d’humour et de drôlerie. Le style est léger, la vision du monde celle du regard d’un enfant malmené par la vie et pourtant plein d’espoir pour le futur.

Les sentiments forts émergent derrière les mots enfantins, les bizarreries grammaticales et les vérités que seul un enfant est capable d’évoquer sans fard, à l’état brut. Loin des précautions d’écriture et des artifices littéraires traditionnels, le monde cruel de Momo et Rosa nous apparaît dans sa vérité nue, implacable et terrible où l’ironie et l’humour nous évitent de sombrer dans la plus inutile des compassions pour ces personnages si réels et attachants.

L’univers de ce Paris oublié de l’après-guerre, des petites gens, de la prostitution et des quartiers populaires nous apparaît au travers des yeux de cet enfant avec une précision historique et sociologique d’autant plus convaincante qu’elle émerge de ce filtre naïf qui déforme la réalité pour mieux nous la faire sentir de l’intérieur.

Ce beau roman fait d’espoir et de douleur, d’amour et de haine, transcende la nature humaine dans ce qu’elle a de plus beau et de plus haïssable à la fois. C’est une gifle autant qu’une caresse. Une œuvre forte et originale. Un chef d’œuvre d’écriture et d’humanité…

Michelangelo 2015

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 10:16
L’Enfant rebelle de Christian Laborie

Très jeune orpheline, Adèle abandonne son fils Raphaël, né d’une relation non consentie avec le fils de sa famille d’adoption en 1897. Elle s’enfuit refaire sa vie à Nîmes. Un autre bébé, Vincent, est confié aux besoins de cette même institution religieuse le lendemain, fruit d’une relation jugée coupable dans la bonne société cévenole… Les deux enfants vont être remis à des familles adoptives. Suite à une erreur de la Mère principale, Raphaël se retrouve dans une famille bourgeoise sous le prénom de Vincent et Vincent atterrit dans une famille de paysans pauvres sous le prénom de Raphaël.

L’enfant rebelle dont il est question dans ce roman n’est autre que ce « faux » Raphaël qui va devenir le souffre-douleur de sa nouvelle famille. Pendant ce temps, le « faux » Vincent va couler une vie tranquille dans l’opulence, l’amour et l’absence de besoin…

L’essentiel du roman retrace la vie difficile de ce Raphaël dans les magnifiques paysages montagneux des Cévennes bien connus de l’auteur. Il recherchera la vérité sur ses origines et retrouver sa filiation pour ensuite fomenter sa vengeance inéluctable.

J’ai vraiment eu le sentiment de retrouver un livre comme on les écrivait au 19ème siècle, par épisodes parus dans la presse, en longs chapitres pour répondre à la demande du commanditaire et nourrir l’écrivain pour le plus grand bonheur des lecteurs.

Le thème reprend les éléments indispensables d’un bon feuilleton de l’époque : les amours interdits, la vengeance, la pauvreté et la richesse, les secrets et les vérités. Le tout s’articule habilement sur des faits historiques (la filature de la soie en Cévennes et la guerre 14-18), des histoires de familles, une étude des mœurs de l’époque, les concours de circonstances et le hasard faisant le reste. De même, les références familiales faites avec le roman précédant, Les Rochefort, s’inscrivent dans la même lignée de ces romans fleuves qui vont de rebondissements en rebondissement de livre en livre…

Certes, certaines situations paraissent invraisemblables et il faut une certaine dose de bonne volonté pour passer outre en considérant que parfois, la réalité même peut dépasser la fiction…

Certes, les registres de langage des uns et des autres ne peuvent correspondre à ceux qu’on attendrait. Pour exemple, ce Raphaël gardien de moutons abruti par ces parents adoptifs dès ses premiers jours et qui manie la langue française avec dextérité dès l’adolescence (il est vrai avec le secours de son instituteur qui le prend en pitié). Rappelons alors aux sceptiques que les héros de Corneille ou Racine ne parlaient certainement pas en alexandrins, ce qui ne retire rien à la qualité de leurs ouvrages, bien au contraire…

Evidemment, Christian Laborie n’est pas le Zola de la fin du 19ème siècle. Malgré tout, il m’a enchanté avec son récit généreux, passionné et passionnant. A l’instar de Jean Anglade, il perpétue une tradition de romans de terroirs très française. Il porte avec lui un patrimoine qui restera vivant pour de nombreuses décennies.

Pour toutes ces bonnes raisons, je remercie vivement les Presses de la Cité et le site Babelio d’avoir offert à mon appétit de lecteur averti ce mets de choix.

Michelangelo 2015

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 09:29
L’espèce fabulatrice de Nancy Huston

De mon point de vue, Nancy Huston est une excellente romancière. Aussi, quand j’ai vu paraître cet essai, l’envie m’a pris de voir comment elle allait s’en tirer dans un type d’écrit dont elle n’est pas coutumière…

A juste titre, Nancy Huston rappelle des évidences, à savoir que l’humanité est la seule espèce capable de fabulations, et cela du fait qu’elle maîtrise le langage élaboré.

Depuis la nuit des temps, les chamanes et sorciers en tous genres élaborent des théories pour expliquer le monde et introduisent une dimension sacrée à ce qui nous entoure. L’histoire humaine est l’ensemble des histoires que l’homme se raconte, verbalement d’abord, puis de façon écrite ensuite. C’est aussi le point de départ des religions, fabulations ultimes pour expliquer le monde et le rendre supportable…

Par le langage, par les histoires contées, l’homme a la main mise sur le passé, le présent et le futur. Aucune autre espèce n’a ce pouvoir sur Terre… C’est une façon de maintenir la mémoire collective en éveil et entretenir sa faculté de projection dans l’avenir.

Cela s’appelle aussi la conscience. Conscience d’être né, de vivre, et certitude de mourir un jour. L’Homme a conscience de son état et de son passage temporaire en ce monde. Cette chance et cette malédiction tout à la fois permettent de donner du Sens à notre existence mais aussi d’en comprendre la futilité et la fragilité.

Ainsi, l’humanité se construit sur des fictions racontées puis écrites, institutionnelles ou futiles… Le roman participe de ce mouvement d’ensemble. Il réécrit à l’envi les grandes interrogations de l’humanité, la vie, la mort, le temps qui passe, le futur qui nous attend…

Nancy Huston, obnubilée par son désir d’inscrire la part importante du roman dans ce phénomène unique qu’elle nomme fiction humaine, omet juste de souligner le caractère fortement symbolique que permettent le langage et les conséquences de celui-ci. Mais c’est œuvre de philosophe et Nancy Huston n’a pas cette prétention dans cet essai.

En définitive, ce texte se lit avec plaisir. Certes, il y a des vérités déjà mille fois répétées ailleurs, mais le ton teinté d’impertinence rend l’ouvrage agréable et novateur.

Nancy reste fidèle à elle-même, joyeuse et vraie, authentique et sincère, autant de qualités qui ont fait sa célébrité. Certains critiques mettent l’accent sur le côté un peu décousu de son propos. J’admets que Nancy Huston manque parfois de rigueur, mais c’est certainement dû au fait qu’elle ne livre pas un traité philosophique sur le sujet mais plutôt qu’elle ouvre un dialogue avec son lecteur, dialogue qu’elle maintient avec d’autres et qui n’en est que le prolongement !

Michelangelo 2015

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