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23 janvier 2023 1 23 /01 /janvier /2023 15:44

Russel Banks nous a quittés en ce début d’année, et par un étrange hasard, je viens seulement de découvrir sa plume au travers de cet ouvrage d’une grande qualité littéraire. Cela prouve une fois de plus, s’il en est besoin, combien d’auteurs majeurs peuvent échapper à notre vigilance de lecteur, au milieu de la multitude de romans parus chaque année…

Il aura fallu ce prêt consenti par une personne aussi attentive qu’avisée de mon entourage proche pour réparer ce terrible oubli. Merci Cécile !

American Darling se présente comme le récit autobiographique d’une héroïne aventurière et révoltée dans l’Amérique puis l’Afrique de l’Ouest, des années soixante à quatre-vingt-dix. Cette narratrice s’appelle Hanna et a eu la chance de naître dans une famille bourgeoise et de faire des études universitaires où elle va rejoindre les mouvements contestataires les plus durs de l’époque. Menacée par le FBI, véritable police politique de l’époque, elle entre en clandestinité, puisse sentant véritablement menacée, elle saisit l’occasion de s’évader vers le Ghana puis le Libéria où elle va construire une nouvelle vie.

Ce roman est une grande fresque historique que traverse Hanna, et l’on découvre une Afrique encore aliénée aux grandes puissances, liée par la dépendance économique extérieure et à la cupidité et la tyrannie de ses dirigeants. Le Libéria est un modèle du genre. Hanna y épouse un ministre à qui elle donnera trois enfants. Le choc de culture est tel, qu’elle perdra son mari et ses enfants lors du coup d’état perpétré par un allié des américains, Charles Taylor qui succèdera au tyran fou, Samuel Doe.

De longs passages nous plongent dans un pays coincé entre modernité et coutumes tribales. Woodrow, le mari d’Hanna et ministre délégué à la Santé publique, éduque ses enfants selon la tradition de son village et de sa propre famille. Hanna se sent exclue et s’accomplira en prenant la défense des chimpanzés maltraités et menacés d’extinction.

Telle une Jane Goodall, elle va développer une vraie relation avec les primates et s’attacher à eux, alors que ses relations avec son mari et ses enfants s’étiolent, victimes du choc des civilisations. A certains moments, Hanna semble d’une grande froideur dans ses relations humaines, avec un penchant égocentrique, incapable d’amour.

Pourtant, il n’en est rien. Elle trouve dans cette distanciation une protection  dont elle a grand besoin alors qu’elle est soumise à des situations d’une extrême violence. Derrière ses diverses identités et les multiples facettes de sa personnalité, elle reste fragile et très attachante.

C’est peut-être dans cette qualité d’analyse, alliée à une grande force d’écriture que réside la grande prouesse de Russel Banks. Il est capable de donner une réelle profondeur d’âme à cette femme ballotée par les évènements au cœur d’une époque diablement anxiogène.

Cette découverte tardive restera pour moi un grand moment de lecture et j’éprouve un immense bonheur à compter Russel Banks dans mes auteurs préférés du moment.

Michelangelo 23/1/2023

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