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15 octobre 2018 1 15 /10 /octobre /2018 10:13

Hulda est une inspectrice aguerrie et pointilleuse. Arrivée à l’âge de la retraite, elle se voit poussée vers la sortie sans trop de ménagements alors qu’elle a encore deux semaines de travail à effectuer. Son remplaçant arrive plus tôt que prévu. 

Afin de remplir le peu de temps professionnel qu’il lui reste, elle négocie l’autorisation de reprendre une affaire d’homicide  qu’elle considère avoir été bâclée par un de ses collègues il y a un an… 

Elena, jeune russe en demande d’asile fut retrouvée noyée. L’étude du dossier convainc Hulda que l’enquête présente de graves lacunes qu’il va falloir combler. Elle entre alors dans une démarche où sa propre vie pourrait bien être en danger elle aussi…

 C’est mon premier roman de Jonasson. J’ai apprécié l’originalité de l’histoire. 

Mettre en scène une policière de 64 ans prête à partir à la retraite n’est pas ordinaire. Cette veuve assez solitaire et intrépide ressent le poids de la solitude à venir et se rapproche d’un médecin un peu plus âgé, Petur, avec lequel elle va avoir des échanges d’une grande richesse. Au point d’imaginer pouvoir finir sa vie avec lui. 

Mais l’enquête va constamment prendre le dessus sur sa vie privée, jusqu’au dénouement aussi étonnant qu’inattendu.

La part psychologique est prépondérante, sans altérer l’intrigue, mais au contraire en la bonifiant. C’est souvent ce juste équilibre qui définit un bon thriller d’un mauvais, il me semble. Les personnages y gagnent en profondeur et l’ensemble en cohérence. La relation entre Hulda et Petur, les questionnements de Petur à propos de l’affaire, tout cela créé une suspicion qui entraine le lecteur à envisager des déductions, des hypothèses, et à rester mobilisé au fil des pages.

L’auteur parvient à nous surprendre avec une fin à laquelle le lecteur ne s’attend pas du tout. Le rituel qui veut qu’à chaque fin de roman policier le coupable soit clairement identifié, à charge pour le lecteur de tenter de l’identifier au fil de sa lecture, est remplacé par une mise en scène concoctée avec malice par l’écrivain. 

Ce qui ressemble un peu à un coup de théâtre qu’on peut admirer peut également engendrer une forme de frustration qui laisse une impression d’approximation. Le lecteur jugera par lui-même de quel côté penche la balance…

Avec ce livre, Ragnar Jonasson m’a convaincu de son talent, même si sa réputation m’avait préparé à mieux. Il se situe dans la bonne moyenne des écrivains islandais, grossissant ainsi un genre bien établi et mondialement reconnu. 

 

Michelangelo 2018-10-15

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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 10:47

Le milliardaire américain George Morton finance des organisations internationales qui luttent contre les effets du réchauffement climatique. Quand il s’aperçoit que celles-ci utilisent des moyens inacceptables pour valider leur cause, il disparaît de façon troublante…

Son avocat Peter et son assistante Sarah vont alors se trouver engagés dans une course contre la montre afin de décrypter le mystérieux message laissé par Morton et éviter la mort de milliers de gens innocents par devers le monde.

Crichton est  le créateur de Jurassic Park. A cet égard, nulle surprise de le retrouver à s’interroger sur la science et ses limites, la folie des hommes et leur génie. Le thème abordé ici est plus complexe que le retour des dinosaures. 

Etayé par de nombreuses données scientifiques réelles citées en référence, il met en perspective ce que tout le monde semble considérer comme acquis : le réchauffement climatique. 

Sans nier le phénomène, mais sans le garantir non plus, il invite le lecteur à réfléchir sur l’utilisation des données brutes. Selon l’objectif recherché, elles peuvent être invalidées, niées, distordues, falsifiées, obérées. A titre d’exemple, certes un peu polémique, aucun météorologue n’est en mesure de prévoir le temps au-delà de 10 jours et ne parle que de prévisions… Comment donc être persuadé d’un réchauffement certain de la planète dans ce cas à moyenne échéance ?

Il montre comment l’idée même d’un réchauffement à venir et la montée des océans restent une hypothèse plus qu’une certitude. Les lobbys agissent en coulisse pour faire basculer l’opinion publique dans un sens ou dans l’autre.

Ce thriller qui possède les atouts d‘un pamphlet offre au lecteur un réel espace de réflexion. Sans prendre parti pour l’un ou l’autre des camps, Crichton dirige élégamment sa barque et distille une évidence qui devrait s’imposer à tous : la nécessité de garder un esprit critique ! A l’heure des grandes manipulations sur les réseaux sociaux et au travers des médias, il serait bon que chacun prenne ses distances et réapprenne à réfléchir par soi-même !

La complexité du sujet traité n’évite pas les longueurs d’une mise en place de l’intrigue un peu longue. Le style est incisif mais peu recherché. Le trouble du lecteur peut venir des données scientifiques et du vocabulaire technique qui sont très pointus. La priorité est donnée à l’action au bout de 200 pages environ, et les faits s’enchainent alors avec la force d’une tornade et au prix parfois de quelques invraisemblances vite pardonnées.

En définitive, ce qui restera, c’est cette impression d’avoir appris quelque-chose à l’issue de cette lecture. Le thriller est une leçon d’humilité et une invitation à prolonger la réflexion du lecteur au-delà des apparences et des idées reçues.

 

Michelangelo 2018-10-04

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5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 09:54

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé le commissaire Martin Servaz et son entourage. L’enquête  démarre sur les chapeaux de roues, par une intervention muscléesur une plateforme pétrolière en mer du Nord. Là, l’inspectrice norvégienne Kirsten va établir un lien qui l’amènera à se rendre à Toulouse afin d’y rencontrer Servaz.

Très vite, un lien est établi entre les faits constatés et la présence très sulfureuse de Julian Hirtmann, tueur et psychopathe d’envergure et sans cesse combattu par Martin Servaz et ses collègues (voir l’excellent roman Glacé).

Hirtmann et Servaz sont tous deux amoureux de la musique de Gustave Mahler. Cette fois, leur intérêt commun prendra la forme d’un jeune enfant prénommé Gustav...

Etalé sur plus de 500 pages, ce thriller nous happe dès les premières pages. Les personnages et les situations sont crédibles. On se prend au jeu. Malheureusement, au fil des chapitres, l’intérêt retombe progressivement. On a du mal à adhérer à ce qui fait l’essentiel de l’intrigue, cette relation entre le policier et le psychopathe qui n’est guère convaincante car trop artificielle. Cet imbroglio psychologique parfois un brin ridicule le dispute à des situations improbables voire ineptes (opérations chirurgicales de Servaz, entourage de l’enfant et autres)

Malgré tout, certains aspects sont traités avec sérieux et permettent d’éviter une déception trop grande. 

Au niveau psychologique, la relation de Servaz avec sa fille est bien décrite, le personnage de Kirsten est intéressant, le monde BDSM est effleuré avec justesse, le policier des polices est stéréotypé mais remarquable par sa personnalité outrancière (il s’appelle Rimbaud, comme le poète. Il fallait oser !).

En terme d’action, les évènements sur la plateforme pétrolière sont dignes d’un film avec Tom Cruise, les conséquences du coma de Servaz sont l’objet d’une savoureuse réflexion sur les conséquences d’une mort imminente, la ville fictive du Comminges appelée Saint Martin de Comminges ainsi que le Sud-Ouest sont toujours l’objet de toutes les attentions de l’auteur qui sait les magnifier et en tirer matière pour notre plus grand plaisir. Notons d’ailleurs au passage que Saint martin de Comminges n’est autre que Bagnères de Luchon, tous les amateurs de cette région, dont je suis, ne s’y sont pas trompés !

En conclusion, la surprise que nous sert Bernard Minier en guise de fin permet de ne pas regretter complètement cette lecture parfois fastidieuse. J’espère juste que ce roman en partie raté sera suivi d’autres plus convaincants et réussis qui conforteront la place imminente de cet auteur français dans le roman noir français actuel. Un roman qui s’intitule Nuit était en soi le signe d’un manque d’inspiration évident et suggéré par l’auteur lui-même.

 

Michelangelo 2018-09-05

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29 août 2018 3 29 /08 /août /2018 10:08

Sonny Lofthus est un héroïnomane emprisonné pour plusieurs meurtres. Or, il s’avère que sa culpabilité a été fabriquée de toutes pièces. Son évasion va être le point de départ d’une rédemption sanglante. L’inspecteur Simon Kefas et sa jeune et trop correcte Kari Adel vont enquêter sur les meurtres successifs perpétrés dans la belle capitale norvégienne. Les réminiscences troubles et le passé sordide vont être la toile de fond d’un thriller haletant et rondement mené.

Admirateur des écrivains nordiques tels Mankel, Indridason, Läckberg, Larsson et d’autres, j’avais à cœur de faire connaissance avec cet auteur décrit comme talentueux.  

Nullement déçu, j’ai trouvé dans son roman les bases d’une bonne histoire, des personnages crédibles, voire originaux et une analyse psychologique convaincante. Les lieux sont magnifiés par la plume de l’écrivain et Oslo apparaît sous son plus beau jour, avec ses défauts et ses qualités.  Le style est sans fioriture, un peu banal, mais cela tient peut-être à la traduction qui a tendance à lisserle texte, comme souvent en pareil cas. 

Malgré tout, j’ai eu du mal à trouver l’empathie nécessaire pour accepter ce principe de départ qui voulait qu’un homme, si extraordinaire qu’il soit, puisse se faire justice lui-même, au prix de nombreuses vies ôtées sans ménagement et ce malgré une dépendance aux psychotropes qui font douter que du jour au lendemain, on retrouve force physique, lucidité et capacité d’analyse…

Pour un coup d’essai, j’admets donc bien volontiers que c’est une satisfaction d’être allé vers cet auteur, satisfaction qu’il faudra confirmer par la lecture d’autres ouvrages dans les plus brefs délais.

 

Michelangelo 29/08/2018

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1 août 2018 3 01 /08 /août /2018 09:39

A l’âge de 6 ans, Mat a perdu ses deux parents dans l’incendie de leur manoir en Bretagne alors qu’il était parti en colonie de vacances à la montagne. Recueilli par son oncle et sa tante, il va vivre avec cette perte douloureuse, écorché vif, petit malfrat et grand bagarreur. Assagi pourtant au fil des années, il est  brocanteur, amoureux d’Anna, la belle enseignante, et ses employés Mylène et Gary sont devenus des amis. Mais le drame ressurgit avec l’apparition d’un album photos qui n’aurait jamais dû sortir des flammes où il était censé avoir disparu lors de l’incendie de l’été 1976 !

Le décor est rapidement planté par l’auteur et il prend le parti de vous entrainer à grande vitesse dans une intrigue aussi peu prévisible qu’édifiante. Les chapitres et les phrases sont raccourcies au minimum et donne cette sensation de vertige qui vous soumet très vite à une forme d’addiction. Vous n’avez qu’une envie : tourner les pages et connaitre la logique de cette situation invraisemblable !

Malgré tout, ce maelström n’exclut pas une analyse des personnages suffisante pour leur donner une vraie densité et les rendre attachants. Les phrases courtes n’empêchent pas une vraie qualité d’écriture, mais pour ceux qui suivent Commère depuis ses débuts, c’est une évidence. Le style Hervé Commère est une réalité qui se confirme au fil de ses romans.

A titre personnel, malheureusement, j’ai assez peu adhéré à certaines situations qui m’ont parues tirées par les cheveux. Le mystère est trop tordu et donc assez peu réaliste. Ne pouvant en dire plus sans dévoiler le fil du roman, je dirais juste que le pot aux roses est éventé au premier tiers de l’ouvrage et qu’ensuite s’organise une course, voire une quête qui ne sert qu’à expliquer les faits parfaitement incroyables évoqués dans la première partie. A plusieurs reprises, l’auteur assène cette vérité qui semble servir de base à sa trame romanesque : On ne tue que par amour ou pour de l’argent. Restait à Hervé Commère de relier cette logique imparable aux évènements improbables ayant entraîné ses personnages dans une aventure insensée.

Je vois sur Babelio que nombre de lecteurs ont apprécié ce roman et le recommandent. J’en suis heureux pour Hervé Commère qui est un écrivain sympathique et doué. L’ayant rencontré à plusieurs reprises, j’ai pu échanger avec lui et prendre la juste mesure de ce personnage sensible et modeste, au talent évident. Malgré tout, son dernier roman m’a déçu et c’est avec amertume que je l’avoue aujourd’hui. J’espère que sa virtuosité n’est pas entamée et qu’il me régalera dans l’avenir avec des romans aussi forts que J’attraperai ta mort, Les ronds dans l’eau, Imagine le reste, Ce qu’il nous faut c’est un mort, autant de thrillers atypiques qui ont fait mon bonheur de lecteur.

Michelangelo 2018/08/01

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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 14:47

La lecture d’un prix Goncourt est souvent la certitude de trouver un roman bien écrit, souvent novateur et engagé, bien construit et solidement planté. C’est ce que je me suis dit en entamant la lecture de celui-ci, bien que l’auteure que j’avais vue et entendue dans les médias n’ait guère attiré mon attention au point de me jeter sur son ouvrage. Malgré tout l’intrigue, tirée d’un fait divers bien réel, m’a séduit.

Louise est une nounou de standing, à la manière d’une Mary Poppins à la française et sévissant dans les quartiers chics parisiens. Lorsqu’elle est embauchée par un jeune couple de trentenaires branchés, Paul et Myriam, afin de garder leurs deux enfants Adam et Mila, respectivement âgés d’un et six ans, ceux-ci sont loin de se douter de ce qui les attend.

Au fil des mois, la nounou parfaite va se transformer en personnage inquiétant, voire dangereux pour l’équilibre de tous.

Ce qui aurait pu faire un thriller commence par la fin. Le premier chapitre conte brièvement la mort tragique des enfants. Le roman ne servira qu’à reprendre le déroulement des faits qui ont mené à l’issue tragique que l’on connaît déjà.

Le style de Leïla Slimani est vif, les phrases sont courtes, les digressions rares. Les personnages manquent peut-être un peu de densité, mais le roman étant court, on peut comprendre que l’auteure évite d’en faire trop.

Malgré tout, l’aspect psychologique est rondement mené, et à bon escient en ce qui concerne les parents et leurs enfants dans leurs relations familiales et sociales. Beaucoup de petits travers liés à l’éducation des enfants sont bien approchés.

Le seul vrai problème, c’est Louise. On comprend que sa vie a été compliquée, que sa solitude imposée par les aléas de la vie lui pèse. L’auteure montre bien comment elle espère inconsciemment trouver auprès de cette famille un chez-elle rassurant et douillet… Mais la seule chose qui n’est pas expliquée (peut-être pas explicable ?) est ce passage à l’acte aussi odieux que gratuit parce que juste expliqué par un sentiment d’abandon grandissant.

D’une certaine manière, au lieu de faire l’autopsie d’un infanticide, Leïla Slimani reste sur la touche et se contente de décrire l’indescriptible, ce qui est déjà une gageure.

Cela laisse au lecteur que je suis une impression d’inachevé, d’une accumulation de faits cohérents mais qu’on peine à relier au dénouement. Nulle tempête sous un crâne, dirais-je avec Victor Hugo !

Pour donner le change, et combler les manques que l’auteure ne semble pas ignorer, cette Louise est décrite comme une de ces poupées assassines correctement habillées, au teint de porcelaine, tirées à quatre épingles et si peu expressives hormis dans la violence gratuite ! Armées d’un couteau, elles poignardent sans motif les enfants qui passent à leur portée !

Vous aurez compris que mon avis est très réservé sur ce roman. Je ne dis pas qu’il est mauvais, puisque sa lecture m’a plu. Mais je ne peux pas dire que c’est un ouvrage qui transcende la littérature ! Pour cette fois, le Goncourt me semble assez peu mérité. Ses membres devraient mettre la barre un peu plus haute afin de rester crédibles !

 

Michelangelo 23/07/2018

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17 juillet 2018 2 17 /07 /juillet /2018 10:18

Nouvelle enquête de Kay Scarpetta. Je dois reconnaître que j’avais cessé de suivre Patricia Cornwell depuis un certain temps, un peu déçu par ses redites, redondances et bavardages parfois un peu lassants.

L’intrigue démarre bien. Alors que Kay s’apprête à fêter son anniversaire avec ses compagnons, un meurtre est perpétré juste à côté de chez elle. Les conditions de l’assassinat sont aussi mystérieuses qu’inquiétantes et rapidement on va rechercher celui ou celle qui pourrait être un tueur en série d’une perversité diabolique.

On retrouve les personnages fétiches de la romancière avec un certain plaisir, encore que l’énigmatique Benton Wesley est largement toujours aussi agaçant avec ses airs entendus, ses petits secrets d’homme du FBI stéréotypé ! Le détective Pete Marino, motard intrépide et grossier reste sympathique mais plus discret qu’à l’habitude. Quant à la nièce surdouée, rebelle et milliardaire Lucy, elle reste fidèle à elle-même, véritable Lisbeth Salander américaine.

La précision des faits relatés est à mettre au crédit de Patricia Cornwell qui maitrise parfaitement les ficelles d’une enquête scientifique de haut niveau. Les péripéties qui émaillent l’enquête maintiennent le lecteur en haleine, mais on apprécie moins les cachoteries inutiles de Benton et de Lucy, cette même Lucy qui risque bien d’être suspectée, certains faits la pointant du doigt. Mais tout cela n’est-il pas une mise en scène parfaitement orchestrée ?

Autant vous prévenir de suite, la chute est particulièrement décevante et brutale. Comme moi, ami lecteur, vous risquez fort d’être déçu et de vous demander pourquoi tant d’efforts ont été déployés pour un résultat aussi mince.

J’ai une nouvelle fois le sentiment que l’auteure surfe sur ses recettes habituelles mais que cette fois la sauce ne prend pas. La déception est réelle et je retrouve cette lassitude déjà éprouvée quand j’avais mis les romans de Cornwell à l’écart. C’est d’autant plus dommage que ses premiers romans avaient été brillants et originaux ! Cet embourgeoisement littéraire constaté au fil des réussites aura été la fin d’une brillante carrière et le début d’une lente mais inexorable descente dans un système où l’argent compte plus que la création.

 

Michelangelo 2018-07-17

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2 juillet 2018 1 02 /07 /juillet /2018 09:27

Leila Lange, actrice reconnue et jolie de surcroit, meurt défenestrée à New-York. Sa sœur Elizabeth y voit des circonstances troublantes qui mettent en doute l’innocence de Ted, le petit ami de Leila.

Réunis dans un huis-clos, les différents personnages qui ont côtoyé de près la belle Leila se retrouvent dans un institut de remise en forme très luxueux…

Tous les ingrédients d’une bonne recette à la Mary Higgins Clark sont mixés pour brosser un tableau assez peu critique sur le milieu du cinéma au USA. La critique sociale n’est pas le fort de l’auteure qui préfère développer une intrigue assez classique mais bien menée à seule fin de divertir le lecteur.

Malgré tout, la qualité d’écriture est au rendez-vous et le milieu des centres de remise en forme américains haut de gamme bien décrit.

Les stéréotypes sont nombreux et les motivations des méchants sont aussi peu crédibles que la gentillesse des gentils… J’exagère peut-être un peu, mais c’est ce que j’ai ressenti. Malgré tout, en faisant abstraction du formalisme aseptisé dont fait preuve l’écrivaine pour conduire le fil de son roman, on ne ressent pas de frustration et on passe un bon moment de détente à la lecture de l’ouvrage.

Je conseille ce roman, comme tous les romans de Mary Higgins Clark, à ceux qui cherchent quelques romans à mettre dans leur valise pour partir à la plage…ce lieu où seule la futilité peut maintenir votre attention !

 

Michelangelo 2018-07-02

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14 juin 2018 4 14 /06 /juin /2018 10:27

On présente ce roman comme la suite du célébrissime Au-revoir de là-haut. S’il est vrai qu’un certain enchaînement apparaît, les personnages sont autres et l’intrigue entièrement renouvelée. 

Marcel Péricourt meurt et sa fille Madeleine hérite de sa fortune et de son entreprise. Nous sommes en 1927 et le statut de la femme est bien plus contraint qu’à notre époque. Aussi, sa naïveté et les appétits des hommes qui l’entourent vont peu à peu la ruiner. De trahisons en échecs, elle va inexorablement se retrouver au fond d’un gouffre affectif et financier signant une débâcle inexorable.

Cette longue chute sera suivie d’une vengeance inexorable. Madeleine s’allie avec quelques malfrats aussi caricaturaux que sympathiques pour arriver à ses fins.

L’ensemble sent le Zola, le Balzac et le Dumas. L’auteur soigne son style et adapte son vocabulaire à la manière de ces illustres prédécesseurs. 

L’ambiance de l’époque, hasardeuse du fait de la montée au pouvoir d’Hitler en Allemagne et du fascisme en Italie, compose une toile de fond très réaliste. J’ai souvent souri en percevant le parallèle à peine déguisé qu’établit l’écrivain entre la situation politique de l’époque et celle d’aujourd’hui. Le combat politique très à gauche qui est celui de Pierre Lemaitre, qu’il ne m’appartient pas de juger, émaille les pages au fil des évènements. Il traite la chose à la manière de Zola dans Germinal, avec brio mais moins d’à-propos et donc moins de force, se cantonnant à une critique de la IIIème république gangrénée par les affaires et l’antiparlementarisme qui va de paire. On sent son penchant pour une VIème République plus saine que la Vème mourante…

En revanche, la qualité des informations techniques sur la naissance du turboréacteur et la description de ces recherches scientifiques, reste à souligner. C’est un des éléments romanesques des plus intenses et au réaliste saisissant.  A tel point qu’on se demande si c’est authentique et historique et jusqu’à quel point.

Les personnages sont souvent truculents, comme cette cantatrice pseudo-italienne, véritable Castafiore qui s’entiche, allez savoir pourquoi, du jeune Paul, paraplégique en fauteuil et fils de Madeleine, lui-même un peu semblable au personnage de Games of Thrones nommé Brandon Stark, jeune visionnaire paralysé et fils de roi déchu. La plupart des autres personnages n’échappent pas à une certaine caricature dans leur genre respectif, voleur, banquier, bourgeois, précepteur pédophile, scientifique, député… Mais voyons cela comme une nécessité pour faire avancer l’intrigue. Zola ne fait pas mieux la plupart du temps, ni Hugo (les vilains Thénardier, le gentil syndicaliste qui vient prêcher la grève auprès des mineurs, et tant d’autres pourtant passés à la postérité avec leur géniteur).

En y réfléchissant bien, je vois également un parallèle avec certains ouvrages historiques de Ken Follett, plus actuel que les illustres références déjà citées (Le Siècle, par exemple).

Autant le dire, lire Pierre Lemaître est un vrai plaisir de lecteur au sens plein du terme, même si parfois il déçoit un peu (Trois jours et une vie). Sa consécration avec le Goncourt était légitime et son mérite se vérifie encore aujourd’hui. L’éventualité d’une troisième partie évoquée en quatrième de couverture chatouille agréablement mon côté amateur de séries à rebondissements. A titre personnel, j’ai juste un peu de mal avec ses prises de position politiques très critiques mais assez peu constructives.

 

Michelangelo 2018-06-14

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4 mai 2018 5 04 /05 /mai /2018 10:46

Quel roman, me suis-je écrié intérieurement après avoir lu cet ouvrage en deux jours ! Cette satisfaction rare mérite quelques développements…

La première partie évoque avec un réalisme parfois insoutenable la vie d’une famille paysanne qui travaille très dur pour gagner peu. Une famille isolée dans une ferme très modeste et victime de la grande guerre qui marquera sa destinée de façon définitive.

Il y a du Zola dans l’approche, ce rapport viscéral à la terre, aux bêtes et aux gens. Cette relation est accentuée par une proximité voulue de la mort. La mort qui est banale et quotidienne, acceptée et nécessaire, que ce soit l’abattage des animaux, poulets, lapins, gibier, porc, ou la mort des proches sur lesquels on s’attarde avec une forme de délectation morbide (le cimetière, le pendu, le mourant…). Rien n’est épargné au lecteur par force détails. Le règne animal est devenu la règle qui s’impose aux hommes et aux bêtes réunis dans une forme de capharnaüm gigantesque et malsain, menant certains vers la folie.

Malgré tout, l’écriture est belle mais lourde. Elle dissèque ce monde terrible à la loupe, sans concession, avec une précision diabolique et charnelle. Elle reste malgré tout chargée de symboles et de poésie et parvient à sortir du bourbier dans lequel le sujet l’a placée. L’hymne à la nature qui y transparaît, la beauté naturelle sublimée par le regard de l’écrivain, rend l’ensemble à la fois plus digeste et plus léger. On croit percevoir par moments de vénérables et célèbres tableaux à la gloire de la vie champêtre, ou l’ombre d’un Giono amoureux du terroir… 

La seconde partie s’installe à l’orée de l’époque contemporaine. La famille s’est agrandie alors que seule la vieille Eléonore possède la mémoire du temps passé. Elle vit avec son fils, ses petits enfants et arrière-petits-enfants dans cette même ferme toujours isolée, comme un bastion qui protège de l’extérieur mais enferme ceux du dedans.

L’exploitation est passée à l’élevage de porcs industriel. Les trois hommes, le père et ses deux fils, dont les rapports sont aussi tendus que délicats, mènent l’élevage avec une fermeté et un sérieux indispensable. De l’insémination à l’abattage, des conditions d’enfermement et de maltraitance rendue nécessaire par le type d’élevage, rien n’est passé sous silence. La cruauté ordinaire côtoie le banal, la merde coule à flots sans cesse endigués, continuellement de retour. La puanteur envahit tout, jusqu’à l’âme des hommes. La proximité de l’homme et de la bête est telle qu’on ne sait plus, par moments, qui est la bête et qui est l’animal.

Pourtant, le regard des enfants, Jérôme le jeune autiste et sa sœur Julie-Marie adolescente en perdition, magnifie ce sordide environnement et apporte, si ce n’est du réconfort, au moins une humanité, même si cette humanité est fourvoyée, incertaine et bancale.

Comme tout édifice contre nature, l’élevage va connaître une longue et inévitable chute. Chute rendue inéluctable par la folie des hommes.

Cette seconde partie, dense et longue, ne joue plus avec le clair-obscur d’une peinture flamande désuète mais avec la clarté aveuglante des néons et de la modernité supposée. La poésie n’est plus que l’écho des ressentis du petit Jérôme qui, tel un spectateur privilégié, ami des animaux et des morts,  voyage dans son univers entre réalité et songe.

Tout cela est prenant, acide et nauséabond. C’est aussi un peu long et inutilement redondant par moments. Même si tout se tient, les pérégrinations de l’auteur sont parfois un peu languissantes. 

Pourtant cela interroge le lecteur, l’oblige à reconsidérer son propre rapport au règne animal, à la folie, à la société des paroxysmes hallucinatoires qui veut grandir l’homme et l’asservit et asservit le monde vivant et plus encore.

Ce constat est sans appel et condamne par avance les excuses que l’on pourrait invoquer pour justifier tant de douleur, de mal et d’hypocrisie. Il semble que la morale du roman reste malgré tout positive. Elle suggère que tout n’est pas immuable et qu’il est toujours temps de revenir dans des chemins plus respectueux des gens, des animaux et de la nature en général. 

Primé par la vénérable institution qu’est Le Livre Inter en 2017, ce roman est à la hauteur des plus grands ouvrages contemporains. Il dépasse de loin la littérature ordinaire, même si le contenu, parfois insoutenable de violence et de cruauté  peut choquer dans notre univers lissé (mais pas si policé qu’on veut bien nous le faire croire). 

Il porte en lui un regard sur l’humanité qui est un plaidoyer en même temps qu’une dénonciation, une approche qui n’est pas caricaturale mais qui indigne. Les personnages sont faits de chaire et d’os, ils sont pétris de haine mais aussi d’amour, de cet amour ordinaire qu’on leur refuse et qu’ils refusent alors aux autres. Seule la folie leur permet de sortir de l’ornière affective et tragique qu’est devenue leur vie. 

C’est beau, pathétique et terriblement efficace quand c’est raconté de façon aussi magistrale, avec tact, honnêteté et empathie…

Pour finir sur une touche d’humour, je pense que beaucoup de lecteurs maintenant avertis, regarderont à deux fois leur tranche de jambon ou leur pot de rillettes avant de consommer…

 

Michelangelo 2018-05-04

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