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14 juin 2018 4 14 /06 /juin /2018 10:27

On présente ce roman comme la suite du célébrissime Au-revoir de là-haut. S’il est vrai qu’un certain enchaînement apparaît, les personnages sont autres et l’intrigue entièrement renouvelée. 

Marcel Péricourt meurt et sa fille Madeleine hérite de sa fortune et de son entreprise. Nous sommes en 1927 et le statut de la femme est bien plus contraint qu’à notre époque. Aussi, sa naïveté et les appétits des hommes qui l’entourent vont peu à peu la ruiner. De trahisons en échecs, elle va inexorablement se retrouver au fond d’un gouffre affectif et financier signant une débâcle inexorable.

Cette longue chute sera suivie d’une vengeance inexorable. Madeleine s’allie avec quelques malfrats aussi caricaturaux que sympathiques pour arriver à ses fins.

L’ensemble sent le Zola, le Balzac et le Dumas. L’auteur soigne son style et adapte son vocabulaire à la manière de ces illustres prédécesseurs. 

L’ambiance de l’époque, hasardeuse du fait de la montée au pouvoir d’Hitler en Allemagne et du fascisme en Italie, compose une toile de fond très réaliste. J’ai souvent souri en percevant le parallèle à peine déguisé qu’établit l’écrivain entre la situation politique de l’époque et celle d’aujourd’hui. Le combat politique très à gauche qui est celui de Pierre Lemaitre, qu’il ne m’appartient pas de juger, émaille les pages au fil des évènements. Il traite la chose à la manière de Zola dans Germinal, avec brio mais moins d’à-propos et donc moins de force, se cantonnant à une critique de la IIIème république gangrénée par les affaires et l’antiparlementarisme qui va de paire. On sent son penchant pour une VIème République plus saine que la Vème mourante…

En revanche, la qualité des informations techniques sur la naissance du turboréacteur et la description de ces recherches scientifiques, reste à souligner. C’est un des éléments romanesques des plus intenses et au réaliste saisissant.  A tel point qu’on se demande si c’est authentique et historique et jusqu’à quel point.

Les personnages sont souvent truculents, comme cette cantatrice pseudo-italienne, véritable Castafiore qui s’entiche, allez savoir pourquoi, du jeune Paul, paraplégique en fauteuil et fils de Madeleine, lui-même un peu semblable au personnage de Games of Thrones nommé Brandon Stark, jeune visionnaire paralysé et fils de roi déchu. La plupart des autres personnages n’échappent pas à une certaine caricature dans leur genre respectif, voleur, banquier, bourgeois, précepteur pédophile, scientifique, député… Mais voyons cela comme une nécessité pour faire avancer l’intrigue. Zola ne fait pas mieux la plupart du temps, ni Hugo (les vilains Thénardier, le gentil syndicaliste qui vient prêcher la grève auprès des mineurs, et tant d’autres pourtant passés à la postérité avec leur géniteur).

En y réfléchissant bien, je vois également un parallèle avec certains ouvrages historiques de Ken Follett, plus actuel que les illustres références déjà citées (Le Siècle, par exemple).

Autant le dire, lire Pierre Lemaître est un vrai plaisir de lecteur au sens plein du terme, même si parfois il déçoit un peu (Trois jours et une vie). Sa consécration avec le Goncourt était légitime et son mérite se vérifie encore aujourd’hui. L’éventualité d’une troisième partie évoquée en quatrième de couverture chatouille agréablement mon côté amateur de séries à rebondissements. A titre personnel, j’ai juste un peu de mal avec ses prises de position politiques très critiques mais assez peu constructives.

 

Michelangelo 2018-06-14

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