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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 16:34

Mendley et son mari Adam vont passer le mois d’août dans une vieille et magnifique maison du 18ème siècle, à Cap Cod. Adam a passé une bonne partie de son enfance dans cette région touristique et y a laissé bien des ami(e)s et des souvenirs parfois gênants.

Le couple doit surmonter la disparition accidentelle de leur fils voilà quelques années, disparition tragique dont Mendley se sent responsable. Avec sa fille Hannah, bébé adorable mais parfois agitée, elle va prendre possession de cette demeure au lourd passé appelée fort à propos Remember !

Quelques mystères anciens et d’autres très récents vont créer une atmosphère peu propice à la résilience. La mort de Vivien, noyée dans des circonstances aussi tragiques que mystérieuses va remuer la vase savamment entretenue par les habitants du cru et impliquer Mendley et Adam dans ce qui va devenir, à leur corps-défendant, un chemin de croix.

Mary Higgins Clark a réalisé un grand travail de recherche sur l’histoire de cette région qui a accueilli les premiers colons et vu passer nombre de marins aux mœurs aussi intransigeantes que souvent illicites. On apprécie en premier lieu cette agréable immersion dans ce monde passé et si présent à Cap Cod.

D’autre part, avec le sérieux qui la caractérise, elle a bien pris la mesure clinique d’un couple qui a perdu un enfant de façon tragique. Cela  rend la dimension psychologique crédible et parfaitement imbriquée dans l’intrigue. Les autres personnages sont plus convenus.

Pour ce qui est de l’intrigue, elle est menée de main de maîtresse ! Les fausses pistes sont évoquées dès le départ, et il faudra attendre la fin du roman pour appréhender le fin-mot de l’histoire. Les coupables ne sont pas forcément ceux qu’on pense !

Certes, certaines ficelles sont parfois un peu grosses, mais on l’accepte avec indulgence, car l’ensemble est très agréable à lire et rondement mené.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire à propos d’autres romans de Mary Higgins Clark, on ne se départit pas d’un certain conformisme américain et Mary Higgins Clark ne brise aucun tabou et évite de faire des vagues. Malgré tout, ce petit côté correct et suranné fait tout le charme de ses romans et reste un des éléments de sa large popularité.

Souviens-toi est un très bon cru Mary Higgins Clark, alors même qu’elle aura mis vingt années à convaincre son éditeur avec son projet.

 

 

Michelangelo 2018-02-11

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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 10:33

Juste après avoir lu L’Homme nu, la dictature invisible du numérique (Marc Dugain et Christophe Labbé), me voici embarqué dans un cyber-thriller plus vrai que nature. S’il fallait quelques exemples concrets pour étayer les inquiétudes de Marc Dugain, Sylvain Forge les propose dans son roman.

Intelligence artificielle, logiciels pirates, manipulation à distance des appareils connectés, fake-news, tout est mis en œuvre pour suggérer une intrigue diaboliquement efficace et au réalisme inquiétant. Quand Big-Brother prend la main sur nos univers, c’est la raison qui bascule et notre liberté qui disparaît au profit d’une logique implacable et désincarnée.

 Des cyberattaques paralysent la PJ de Nantes, plaçant les policiers dans l’incapacité d’enquêter avec sérénité sur la mort violente et mystérieuse de deux jumeaux.

Les victimes sont s’accumuler malgré l’appel à toutes les polices spécialisées dans la cybercriminalité. Neutraliser le hacker assassin va s’avérer compliqué, car il maîtrise parfaitement les nouvelles technologies et le Dark Internet, la face cachée et malfaisante des réseaux dédiée aux trafics en tous genres.

A l’éclairage des nouvelles possibilités d’Internet et des interconnexions innombrables, l’auteur nous sert une intrigue qui fait froid dans le dos, dans la mesure où toutes les technologies qu’il décrit sont bien réelles !  Quand ces armes virtuelles sont entre les mains d’un déséquilibré, on perçoit l’ampleur du mal que cela peut causer…

Les personnages du roman sont aussi sympathiques que désarmés face à ce mal nouveau. Les notions scientifiques sont amenées de façon suffisamment pédagogiques pour ne pas décourager les réfractaires à l’univers informatique.

L’auteur ne néglige pas la psychologie des intervenants et la qualité d’écriture. Cela  rend l’ouvrage agréable à lire et suffisamment dense pour qu’on se sente immergé dans un réel authentique. Le suspens est bien distillé et le dénouement arrive naturellement, bien que sans vraie surprise. J’ai juste été un peu perdu parfois dans les repères temporaires qui m’ont paru mal affirmés (jour, moment de la journée, heure….), sans que cela nuise à la compréhension fort heureusement.

Ce roman a été récompensé par le prix du Quai des Orfèvres 2018. Je pense que cette distinction est méritée en raison de l’originalité et la qualité du thriller. Je ne connaissais pas Sylvain Forge. Je suis content d’avoir trouvé en lui un auteur français émérite !

 

Michelangelo 2018-02-09

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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 17:00

Quand Agathe se marie, elle croit au bonheur conjugal, à l’amour, aux princes, princesses et aux jolis contes.  Quelle n’est pas sa déception quand elle constate que son mari Jérôme ne s’intéresse plus à elle, ne la voit plus et ce depuis la naissance de leurs jumeaux. Il a pour prétexte sa startup qui prend péniblement son envol. Mais elle sait bien, qu’enfermé dans son bureau, il fume du cannabis, boit et regarde des vidéos pornographiques sur Internet !

Exténuée par dix ans de mariage décevants et pénibles où elle doit tout prendre en charge, vie commune, enfants, cuisine, loisirs, école et travail, elle tombe de haut quand elle s’aperçoit que Jérôme la trompe. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de sa patience et de ses illusions. Elle décide alors d’entamer une procédure de divorce qui, pendant une année pleine, va devenir son chemin de croix.

L’auteure ne nous épargne rien des bassesses et petites compromissions qui font qu’une séparation est toujours douloureuse. Elle dissèque les relations entre mari et femme, mais aussi, plus largement, les relations du couple avec la famille, les amis…

La violence est plus mentale que physique. Les déceptions amères. Au point qu’Agathe ne croit plus à l’Amour. Cette violence est parfaitement rendue avec des dialogues courts mais d’une grande intensité, par une analyse crue des pensées d’Agathe qui sombre doucement dans ce qu’on pourrait appeler une folie ordinaire. Son mari la pousse à bout, c’est à qui tirera le plus grand bénéfice du divorce.

Tout est ausculté avec réalisme. L’espionnage réciproque, les témoignages vrais ou fabriqués, les enfants pris dans la tourmente. Les gens qui vivent du divorce, justice, avocats, conseillers matrimoniaux (les plus incompétents au dire de l’auteure), psychologues du couple, enquêteurs…

Le roman monte crescendo pour nous embarquer progressivement dans un maelstrom d’une violence et d’un réalisme abject. On sent toute la dimension autobiographique de cette œuvre forte et sincère.

L’apaisement ne viendra que lorsque le couple pourra enfin devenir un couple parental dégagé d’un affect sentimental dévastateur.  C’est du moins l’idée qu’Agathe prend à son compte, soufflée par le conseiller matrimonial… En fait, il s’agit tout simplement de se dégager de la perte d’amour et de ses frustrations pour organiser le futur des enfants à deux.

Renoncer à cet amour qui était idéalisé, ne plus y croire. Arriver à tourner une page douloureuse avec la peur que la page suivante soit blanche.

Etonnamment, j’avais lu ce roman une première fois il y a quelques années sans qu’il m’ait particulièrement touché. Jusqu’à avoir oublié cette première lecture (ce qui est fréquent chez moi avec ma mémoire fragile). Cette relecture m’a permis de lire avec un regard nouveau, le regard de celui qui au tournant de sa vie s’interroge sur ces valeurs qu’on érige comme fondamentales et intangibles : amour, mariage, amitiés, parentalité…

Pour conclure, Eliette signe une belle œuvre trempée dans l’encre du vécu. De la noirceur, elle a su tirer un joyau au brillant ténébreux. Bravo !

 

Michelangelo 2018-01-28

 

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24 janvier 2018 3 24 /01 /janvier /2018 10:40

Arthur a perdu sa femme depuis un an. Maintenant âgé de 70 ans, il est complètement déprimé et se réfugie dans une vie solitaire et étriquée. Son fils vit en Australie, sa fille, dans son voisinage, mais il la voit rarement.

Malgré l’aide insistante de sa voisine Bernadette, il s’approche du naufrage total, lorsque, voulant enfin se débarrasser des vêtements de sa défunte épouse, il tombe sur un bracelet qui lui est totalement inconnu. Alors va commencer une quête de vérité qui mènera Arthur sur le chemin de la réconciliation avec le monde et les gens…

Roman pétillant et truffé d’humour à l’anglaise, cet ouvrage sans prétention autre que la distraction du lecteur traite néanmoins de sujets graves : la vieillesse et son cortège de maux, la perte d’un être cher, le délitement de la cellule familiale, entre autres.

De même, et de façon plus subtile, l’auteure raconte cette méconnaissance de l’autre qui est le lot commun. Connaît-on celui qui vit avec nous depuis 40 ans ? Connaît-on ses enfants, son voisin ? De quoi est faite une relation amoureuse ? Quand vient l’usure dans un couple ?

Certes, ces questions sont juste ébauchées et Phaedra Patrick n’apporte pas de réponses détaillées. L’essentiel est ailleurs, dans le traitement des relations entre les personnages qui prennent, du coup, une certaine densité.

L’écriture est fluide et convaincante. Le style, sans être pesant, n’en est pas moins assez raffiné. Il est probable qu’on doive beaucoup au traducteur, Cédric Degottex.

La seconde partie paraît un peu longue et on frôle parfois l’enlisement dans cette quête où se mêle réflexion philosophique et réflexion sociologique. D’autre part, les atermoiements d’Arthur sont un peu exagérés parfois et traînent en longueur…

Ce roman a rencontré un vrai succès. Je n’en suis pas étonné. Toutefois, il reste juste un bon moyen de divertissement bien calibré et honnête.

 

Michelangelo 2018-01-24

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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 10:40

Daisy a pratiquement tout raté dans sa vie. Après avoir échoué à l’audition qui lui aurait permis d’avoir un petit rôle dans le dernier James Bond, elle meurt écrasée sous un camion en compagnie de Marc Burton, acteur à succès d’Hollywood !

Là ne s’arrêtent pas les ennuis. Ils sont tous deux réincarnés au plus bas de l’échelle karmique, sous la forme de modestes fourmis, et vont devoir franchir maints obstacles pour, au bout du compte, espérer reprendre forme humaine au fil des réincarnations. Ils veulent à tout prix, malgré l’ampleur de la tâche, empêcher le mariage de l’ex-femme de Marc avec le meilleur ami de Daisy ! Mais comment agir efficacement et faire monter son karma quand on est tour à tour fourmi, poisson rouge, cigogneau ou escargot ?

Originale et parfaitement loufoque, l’idée de départ est propice à un grand burlesque presque cinématographique et l’auteur a dû bien s’amuser en imaginant des situations plus cocasses les unes que les autres.

Le contenu du roman se résume à une suite d’évènements et de réincarnations aussi improbables que tirés par les cheveux. L’objectif est clairement d’amuser le lecteur et de le distraire, quitte à en faire beaucoup dans la démesure. J’avoue avoir souvent souri au fil des chapitres. On s’attache à la farouche volonté de cette jeune femme victime d’un destin plus moche que nature. J’aime moins le personnage de Marc Burton trop caricatural, sans esprit et totalement transparent.

L’écriture de David Safier est alerte et les courts chapitres défilent à grande vitesse, déroulant un flot d’évènements qui pourraient donner le tournis. Je retrouve ici une manière d’écrire à la Gilles Legardinier (Complètement cramé, ou Demain j’arrête, pour ne citer que ces deux romans).  Mais la qualité d’écriture et la subtilité sont moins évidentes…

Pour conclure, je pense que cet ouvrage fait un bon livre de plage ou de voyage, mais qu’il ne vous transportera pas au-delà… Je le recommande donc principalement aux lecteurs qui, comme moi, ont parfois besoin de se changer les idées !

 

Michelangelo 2018-01-15

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11 janvier 2018 4 11 /01 /janvier /2018 18:30

Adam Price, avocat à New-York, mène une vie paisible avec sa femme Corinne et leurs deux fils. Pourtant, cette quiétude va être bouleversée quand deux inconnus vont l’aborder pour lui annoncer que sa femme a simulé une grossesse sans lui en avoir jamais parlé… Cette révélation va remettre en cause un ordre établi qu’il pensait immuable !

Mais les deux inconnus ne s’arrêtent pas là. Bien décidés à jouer les redresseurs de tort, ils vont continuer à sévir alentours, révélant des secrets bien cachés et parfois nauséabonds. Le comble de la tension apparaît avec l’assassinat d’une femme innocente mais concernée aussi par ces révélations dont les conséquences deviennent  incontrôlables.

Harlan Coben dirige ses personnages avec beaucoup de savoir-faire. Son talent est au service d’une intrigue assez prenante dont l’originalité le dispute  à l’ingéniosité des mécanismes mis en place. Le lecteur est entraîné dans une succession de situations parfaitement invraisemblables et pourtant bien réelles. Il sait utiliser les dernières trouvailles technologiques pour rendre son roman très actuel.

Forcément, le dernier tiers du roman devient moins captivant, car c’est à peu de chose près le moment où l’on commence à comprendre l’intrigue, où se situent les bons et les méchants, où veut nous emmener l’auteur. La fin coule de source et traîne un peu en longueur.

L’analyse psychologique des personnages reste convenue, les rapports entre eux assez peu originaux. Il y a un certain manichéisme basique qui interdit d’aller plus en profondeur. On comprend que l’auteur met le paquet sur les faits au détriment d’une étude de la personnalité des personnages. Mais on lui pardonne bien volontiers ce positionnement tant qu’il sait nous tenir en haleine, à la manière d’une Mary Higgins Clark, mais en plus moderne !

 En définitive, un assez bon cru pour ce roman ingénieux et bien construit. On frôle parfois l’invraisemblance, sans tomber dans l’excès qu’a parfois franchi un Michel Bussi, l’Harlan Coben français !

Voilà terminée ma première critique de l’année 2018. Bonne année à ceux qui ont le courage ou la gentillesse de me lire régulièrement.

 

Michelangelo 2018-01-11

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28 décembre 2017 4 28 /12 /décembre /2017 10:05

Depuis un certain temps, j’avais ignoré les petits romans qu’Amélie Nothomb publie avec une régularité pointilleuse chaque année. Tels des bonbons mystères, ils offrent au lecteur une saveur acidulée, sucrée ou insipide suivant les millésimes.  Je dois admettre que cette loterie dépendant de l’inspiration de l’auteure à date fixe m’avait un peu découragé, cette loterie ne m’offrant guère que des friandises colorées mais sans goût.

Malgré tout, en recherche d’un peu de nouveauté, j’ai fait l’acquisition de ce roman, afin d’y trouver, peut-être, un renouveau d’intérêt pour l’écrivaine.

Comme c’est souvent le cas, Amélie Nothomb revisite un conte traditionnel pour le transcender (ou le dévoyer, c’est selon). Riquet à la Houppe est le plus laid des hommes, et pleinement conscient de sa grande intelligence, il va transformer son handicap social en avantage.

De son côté, Trémière est la plus jolie des femmes, et sa beauté n’a d’égale que la méchanceté et la jalousie des autres, méchanceté alimentée par sa prétendue bêtise sans fond, car son mutisme naturel et contemplatif la rend semblable à une idiote.

Tout sépare Riquet et Trémière. L’amour va-t-il avoir raison de cet océan d’ingratitude qui les sépare ? C’est le sujet de ce petit roman. Ces deux individus marqués par le destin évoluent dans un cocon familial fait de tendresse et d’amour qui ne pourra les protéger d’un monde extérieur violent et sans pitié pour les plus faibles. Trémière est élevée par sa grand-mère, amoureuse des plus beaux bijoux, et cette relation intime transcende le simple monde des vivants pour côtoyer l’indicible et le merveilleux qui ne se perçoit bien que dans la pénombre et l’isolement. La romancière touche en plein cœur le lecteur ! 

Amélie Nothomb réalise une petite merveille de poésie et brosse un tableau bien amer de l’humanité ordinaire si prompte à condamner sur la seule foi des apparences.

Le style est manifestement travaillé et la petite mélodie qui s’en échappe flatte le lecteur qui y trouve une musique un peu connue mais dont les variations enchantent les sens.

Je ne regrette pas cette expérience de lecture qui aura été pour moi un plaisir de courte durée mais intense. Au hasard, je suis tombé sur un délicieux bonbon acidulé et sucré à la fois, une friandise qui titille les papilles et réveille la conscience endormie.

 

Michelangelo 2017-12-28

 

Page 31 : La souffrance et l’injustice ont toujours existé. Avec les meilleures intentions, celles dont l’enfer est peuplé, l’époque moderne a secrété d’atroces pommades verbales qui, au lieu de soigner, étendent la superficie du mal et font comme une irritation permanente sur la peau de l’infortuné. A la douleur s’ajoute un nuage de moustiques.

 

Page 123 : Rien de tel que la médiocrité pour penser du bien de soi.

 

Page 166 : Il en ressortait que le hideux Riquet avait beaucoup d’aventures galantes, quand la belle n’en avait aucune. C’est la vérité, pensa-t-elle. Depuis quand n’y a-t-il plus eu d’homme dans mon lit ? Hélas, est-ce ma faute s’ils me lassent tous ? Par ailleurs, si j’avais de l’esprit, peut-être serais-je capable de trouver du plaisir à leur compagnie ? Mais, continua-t-elle, s’il me faut pour cela rencontrer un Riquet à la Houppe, sous prétexte que je  suis sans esprit, je devrai me contraindre à accepter l’amour d’un monstre.

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18 décembre 2017 1 18 /12 /décembre /2017 10:46

Ancien marathonien, cycliste adepte des longs efforts en montagne, c’est avec curiosité que j’ai entrepris la courte lecture de cet ouvrage qui relate un exploit sportif hors-norme : La traversée des Pyrénées, à pied, sur 900 kms et en moins de 16 jours…

Cette compétition exceptionnelle s’adresse à des gens dont la vie tourne autour de ces projets extraordinaires accessibles à quelques-uns seulement. Vincent est de ceux-là.

En première partie, il détaille ce qui représente un peu les hors d’œuvres  de sa préparation : 6 à 7 entrainements par semaine, participation à quelques modestes compétitions (Euskal-Trail (80kms)  Ultra-raid Lavarédo (119km), Trail de Panzoult (10km, pour rire), Ultra-raid de Madère (115km)). Ces évocations ont le mérite de fixer les contours d’une volonté ambitieuse et volontaire d’un personnage amateur de ce genre d’épreuves.

La seconde partie, le plat de résistance, est consacrée à ce formidable raid que représente la traversée des Pyrénées d’Est en Ouest avec 900 km de trajet à accomplir en moins de 16 jours et avec 60.000m de dénivelé positif, ce qui fait pas mal de montées de cols !

Jour après jour, Vincent Hulin évoque ses petites joies, ses peines, la vie au quotidien d’un galérien de la marche rapide avide de souffrances et de petits bonheurs.

Parfaitement secondé par une équipe d’amis et sa famille (tout le monde n’est là que pour lui), il va traverser les épreuves, la chaleur, la pluie, le froid, les frustrations, les petites blessures, le manque de sommeil, l’amitié décuplée par la douleur, les séparations et le sentiment d’appartenance à un groupe à forte identité.

La dernière partie, cerise sur le gâteau, fait appel à quelques spécialistes physiologistes, diététiciens et préparateurs pour tracer avec son expérience les contours du parfait athlète d’ultra-Trail. Les données scientifiques apportent un complément intéressant où chacun pourra puiser des informations concrètes et applicables.

Le récit ne brille pas par un style mémorable, et Vincent Hulin ne s’appesantit guère sur une approche poétique ou philosophique de son périple. Malgré tout, quand on a un peu côtoyé des épreuves sportives longues et douloureuses soi-même, on est forcément en empathie avec l’auteur. Les relations humaines très riches qui se tissent en pareil cas sont bien mises en valeur et cette fraternité entre sportifs est bien rendue.

Le relais simultané sur sa page Facebook et le tournage d’un film professionnel lors de l’épreuve évoqués au fil des pages donne un gage de professionnalisme à son aventure bien médiatisée alors que Vincent, de son propre aveu, ne court pas pour une victoire mais juste pour lui-même.

Dire que cet ouvrage donnera envie au lecteur de s’engager dans cette voie exigeante, j’en doute. On comprend rapidement que ce milieu est réservé à des mordus qui ont trouvé là leur raison d’être. A ce sujet, la famille semble relayée au second plan, l’entrainement et la mobilisation autour des Trails devenant le sujet principal au quotidien. A titre d’exemple, je me suis demandé au cours de ma lecture quel pouvait être la profession de Vincent. Il n’en parle jamais. On a presque l’impression que son activité sportive occupe tout son temps…

Pour conclure, voilà un beau témoignage qui plaira aux amateurs de sports d’endurance extrême et découragera certainement les autres qui verront là une épopée réservée à quelques originaux ascètes et adorateurs du Dieu souffrance.

 

Michelangelo 2017-12-18

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12 décembre 2017 2 12 /12 /décembre /2017 09:46

Ken Follett fait revivre les troubles religieux et les luttes de pouvoir dans l’Europe entre 1558 à 1620. Le point d’orgue de cet ambitieux roman est évidemment la fameuse nuit de la Saint Barthélémy à Paris le 24 août 1572 où les protestants vont être massacrés en nombre par les ultra-catholiques. La déroute de l’invincible Armada espagnole au large des côtes anglaises est également un moment fort du roman où l’auteur montre toute sa maîtrise pour faire vivre ces moments historiques.

Le point de départ de l’intrigue est la petite ville anglaise de Kingsbridge dont la cathédrale a fait le point d’encrage des Piliers de la terre et d’Un monde sans fin, best-sellers de Ken Follett. Cette fois, ce sont les descendants des précédents opus qui vont s’engager dans un soutien au catholicisme et aux rois et reines qui défendent la papauté, ou auprès de la reine Elisabeth d’Angleterre et les modérés français qui veulent un équilibre entre les pratiques religieuses.

Tout cela n’est pas exempt d’arrière-pensées de pouvoir, et nos héros vont prendre parti pour un clan ou l’autre, s’engageant à corps perdu dans une époque instable où les forces de passé et l’émergence du modernisme vont se combattre.

On n’échappe pas à un antagonisme parfois un peu caricatural où les espions protestants s’opposent aux espions chrétiens au gré de leurs déplacements dans une Europe bousculée par la modernité eu marche.

Les exécutions et massacres rythment le roman, avec leur lot de détails historiques édifiants. Les rois et reines  s’affrontent, se lient ou se trahissent sous l’arbitrage de la famille très influente des Guise, catholiques convaincus mais assoiffés de pouvoir. Marie de Médicis apparaît en toile de fond, reine incontournable de l’époque.

Nos personnages de Kingsbridge vont conseiller les têtes couronnées, agir en secret pour elles. Les familles vont se déchirer ou  se souder face à l’adversité. Les bons et les méchants, mais il en existe dans la vraie vie,  vont espionner, voyager et conquérir le monde moderne du XVIème siècle en pleine mutation.

L’œuvre de Ken Follett est ambitieuse et il réédite l’exploit salué lors de la sortie des Piliers de la terre et d’Un monde sans fin, voire de sa trilogie du Siècle. La profusion des personnages fait que parfois le lecteur est un peu perdu, d’autant que certains moments historiques sont à peine survolés dans le souci de faire avancer l’intrigue (les intrigues devrais-je écrire).

Malgré tout, le roman dépasse les 900 pages, et la lecture reste passionnante. Le style est léger mais pas minimaliste non plus. Les personnages sont attachants, même si leurs personnalités ne sont pas fouillées comme ceux de Tolstoï dans son chef d’œuvre Guerre et Paix. Les bons sentiments atténuent l’effet des actes odieux commis au nom de Dieu et des intérêts personnels. Le voyage sur les galions jusqu’à Hispaniola, dans les Caraïbes où l’esclavage a cours dans les plantations de canne à sucre, est un beau moment d’histoire et d’exotisme.

Nul doute que l’armada de conseillers historiques (liste exhaustive en fin d’ouvrage) sur cette période a su guider l’auteur au fil des décennies marquantes de l’époque sans sombrer dans un marécage fourre-tout qui aurait rendu le propos indigeste pour le lecteur. Au contraire, celui-ci ressort autant instruit que conquis par l’évocation romanesque.

Pour y mettre une petite touche personnelle et qui ne vaut que pour cela, j’ai retrouvé dans ce roman la force d’évocation d’un Michel Zévaco dans ses Pardaillan qui traitent de cette même époque (ma première vraie lecture), ou encore La reine Margot, d’Alexandre Dumas, roman foisonnant s’il en est !

On s’aime, on se déteste, on se tue. Tous les ingrédients d’une belle histoire épique sont réunis pour faire de cet ouvrage un merveilleux moment de lecture loin du fracas de notre époque stressée et schizophrénique où l’on a aboli, croit-on à tort, la terreur des siècles passés pour un monde meilleur… Le XVIème siècle voyait poindre une modernité prometteuse de liberté et de développement pour un futur humainement radieux. J’ai bien peur que l’Humanité n’ait guère avancé depuis !

 

Michelangelo 2017-12-12

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14 novembre 2017 2 14 /11 /novembre /2017 09:44

Fredrik Welin, sexagénaire misanthrope, vit reclus depuis sur son île de la Baltique accompagné de son chien et de son chat. La seule personne qu’il voit régulièrement est  le postier Jansson, hypochondriaque et bavard notoire, qui lui apporte des nouvelles trois fois par semaine.

Frederick est rongé par la culpabilité après avoir commis une erreur chirurgicale sur une patiente, erreur qui a mis un terme à sa carrière, l’obligeant à une retraite prématurée.

Pour se sentir vivant, en toute saison, il s’immerge nu dans la Baltique quelques instants dès le lever. Or, il arrive qu’un beau  matin d’hiver, alors qu’il prend son bain matinal après avoir brisé la glace, une vieille femme apparaît sur la mer gelée, chancelante et pathétique, aidée d’un déambulateur.

Cette femme n’est autre qu’Harriet, son amour de jeunesse qu’il a abandonnée sans explication voilà quarante ans… Elle vient lui demander de tenir la promesse faite il y a si longtemps…

« Je ne savais pas ce qu’elle me voulait et ma mauvaise conscience reprenait, par sa faute, des proportions insupportables. Etait-elle venue me demander des comptes ? Je n’en savais rien. Mais pouvait-il y avoir une autre explication ? Je me suis aperçu que j’avais peur. Comme si un piège venait de se refermer. » (page 37)

Cette citation résume à elle seule les thèmes abordés par l’auteur. Regrets, passion trahie, amour et rédemption vont tourmenter Fredrick autant que l’approche de la mort qui le terrorise.

Avec cette irruption inattendue de son passé, Fredrik va cheminer lentement vers une forme d’apaisement bienfaiteur et soulager une conscience tourmentée.

Les personnages de Mankell sont criants de vérité, ils respirent l’authenticité. Leurs préoccupations (l’amour, la vie, la mort, le rapport au monde) sont autant de sujets ordinaires traités avec beaucoup de délicatesse et de réalisme. Le lecteur peut y voir les questions existentielles que lui-même se pose, confusément ou avec acuité. Les aventures modestes mais extraordinaires relatées dans ce conte moderne nordique émeuvent. Mankell fait mouche et atteint au cœur celui qui lit entre les lignes la destinée de toute humanité.

Le style est sobre, il en émerge une forme de poésie douce et amère teintée de peur viscérale mais sourde qui interroge sur le sens de la vie. Trouver chaussure à son pied. Autrement dit, magnifier notre propre existence pour en faire un ensemble qui porte sens et apaise. Par chaque acte posé, chaque décision prise ou chaque tourment vécu.

C’est la quadrature du cercle que Henning Mankell propose dans ce roman que l’on devine fortement inspiré par ses propres interrogations et propres peurs. La peur de la mort est  omniprésente, angoisse calmée par la résignation de ne rien pouvoir contre elle.

« J’ai fait le tour de mon île. Les oiseaux migrateurs survolaient la mer. C’était comme l’avait écrit Harriet. Nous étions arrivés jusque-là. Pas plus loin. Mais jusque-là. » (Final du roman)

Ce roman est à juste titre considéré comme le chef-d’œuvre de Henning Mankell. Il écrit la suite intitulée Les Bottes suédoises, toute aussi bouleversante. Plus noir, ce dernier roman sera comme un testament offert à ses lecteurs car il décédera peu après sa parution.

Son regard amer et lucide sur le monde nous manquera à n’en pas douter.

 

Michelangelo 2017-11-14

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