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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 17:00

Quand Agathe se marie, elle croit au bonheur conjugal, à l’amour, aux princes, princesses et aux jolis contes.  Quelle n’est pas sa déception quand elle constate que son mari Jérôme ne s’intéresse plus à elle, ne la voit plus et ce depuis la naissance de leurs jumeaux. Il a pour prétexte sa startup qui prend péniblement son envol. Mais elle sait bien, qu’enfermé dans son bureau, il fume du cannabis, boit et regarde des vidéos pornographiques sur Internet !

Exténuée par dix ans de mariage décevants et pénibles où elle doit tout prendre en charge, vie commune, enfants, cuisine, loisirs, école et travail, elle tombe de haut quand elle s’aperçoit que Jérôme la trompe. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de sa patience et de ses illusions. Elle décide alors d’entamer une procédure de divorce qui, pendant une année pleine, va devenir son chemin de croix.

L’auteure ne nous épargne rien des bassesses et petites compromissions qui font qu’une séparation est toujours douloureuse. Elle dissèque les relations entre mari et femme, mais aussi, plus largement, les relations du couple avec la famille, les amis…

La violence est plus mentale que physique. Les déceptions amères. Au point qu’Agathe ne croit plus à l’Amour. Cette violence est parfaitement rendue avec des dialogues courts mais d’une grande intensité, par une analyse crue des pensées d’Agathe qui sombre doucement dans ce qu’on pourrait appeler une folie ordinaire. Son mari la pousse à bout, c’est à qui tirera le plus grand bénéfice du divorce.

Tout est ausculté avec réalisme. L’espionnage réciproque, les témoignages vrais ou fabriqués, les enfants pris dans la tourmente. Les gens qui vivent du divorce, justice, avocats, conseillers matrimoniaux (les plus incompétents au dire de l’auteure), psychologues du couple, enquêteurs…

Le roman monte crescendo pour nous embarquer progressivement dans un maelstrom d’une violence et d’un réalisme abject. On sent toute la dimension autobiographique de cette œuvre forte et sincère.

L’apaisement ne viendra que lorsque le couple pourra enfin devenir un couple parental dégagé d’un affect sentimental dévastateur.  C’est du moins l’idée qu’Agathe prend à son compte, soufflée par le conseiller matrimonial… En fait, il s’agit tout simplement de se dégager de la perte d’amour et de ses frustrations pour organiser le futur des enfants à deux.

Renoncer à cet amour qui était idéalisé, ne plus y croire. Arriver à tourner une page douloureuse avec la peur que la page suivante soit blanche.

Etonnamment, j’avais lu ce roman une première fois il y a quelques années sans qu’il m’ait particulièrement touché. Jusqu’à avoir oublié cette première lecture (ce qui est fréquent chez moi avec ma mémoire fragile). Cette relecture m’a permis de lire avec un regard nouveau, le regard de celui qui au tournant de sa vie s’interroge sur ces valeurs qu’on érige comme fondamentales et intangibles : amour, mariage, amitiés, parentalité…

Pour conclure, Eliette signe une belle œuvre trempée dans l’encre du vécu. De la noirceur, elle a su tirer un joyau au brillant ténébreux. Bravo !

 

Michelangelo 2018-01-28

 

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