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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 10:51

Ruth-Ellis.jpgLa pendue de Londres est l’histoire vraie de Ruth Ellis qui sera la dernière condamnée à mort du Royaume Uni. Son exécution en 1955, fortement contestée,  remuera les foules. Ruth est condamnée pour avoir abattu son amant.

S’arrêter à ce simple fait divers serait trop simple. En réalité, Ruth a été malmenée, brutalisée par ce coureur automobile sans talent, alcoolique et violent. Au point d’envoyer Ruth trois fois à l’hôpital et provoquer une fausse couche. Mais Ruth est amoureuse… Elle peut tout accepter, sauf de se sentir abandonnée.

Dans une Angleterre qui pardonne tout aux hommes et accable les femmes libérées, Ruth est la coupable idéale. Issue d’un milieu assez modeste, victime d’inceste, abandonnée, enceinte, par son amoureux canadien au sortir de la guerre, elle décide de s’en sortir. D’abord entraineuse, elle devient gérante d’un établissement de mauvaise vie. Sa grande beauté fait d’elle une vedette avant l’heure et l’empêche de tomber dans le sordide. C’est cette passion pour le beau coureur de jupons, David Blakely qui la perdra.

Pour évoquer l’histoire de Ruth, Didier Decoin fait revivre en parallèle celui qui sera son bourreau : Albert Pierrepoint. Albert est l’exécuteur en chef. Il a pendu nombre d’allemands condamnés pour leurs exactions pendant la guerre. Toutefois, s’il met un point d’honneur à officier à la perfection, il ne peut s’empêcher de ressentir un certain dégoût à exécuter des femmes. Ses états d’âme et la pendaison de Ruth le feront démissionner après plus de 435 exécutions.

Didier Decoin restitue à la perfection l’atmosphère de l’époque, et rend à Ruth la dignité qu’elle mérite. On ne peut que ressentir de la révolte à la lecture du déroulement du procès instruit uniquement à charge. On en vient à éprouver de l’affection pour ce bourreau qui manifeste une réelle compassion pour son prochain.

Toute la force de ce roman est là, dans la capacité à décrire l’indicible et nous faire toucher du doigt la lâcheté d’une partie de l’humanité, au nom de principes qu’elle bafoue à la première occasion. Ceux qui fréquentent les bordels sont les mêmes qui jugent. Voilà le vrai scandale ! Didier Decoin, dans son style épuré et fluide nous donne à réfléchir et par petites touches,  nous amène à constater le désastre. Plus qu’un roman, c’est un beau livre comme on aimerait en trouver plus souvent.

 

Michelangelo 2014

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