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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 19:09

Au-revoir-la-haut.jpgPrix Goncourt 2013, ce roman de plus de 500 pages méritait une lecture attentive. Je m’y suis donc attelé afin de vérifier la justesse de l’attribution, de mon modeste point de vue, de ce titre honorifique si souvent contesté…

Sans dévoiler l’intrigue, on peut annoncer que le drame démarre quelques jours avant l’armistice du 11 novembre 1918 sur le champ de bataille. Lors d’un des derniers assauts, Albert, modeste personnage sans envergure va faire la connaissance d’Edouard Péricourt, jeune et talentueux artiste et de Henri d’Aulnay-Pradelle, lieutenant issu de la noblesse, dans des circonstances dramatiques qui vont celer leur destin dans l’immédiat après-guerre.

Il sera question de gueules cassées, du difficile retour à la vie civile pour ces survivants marqués dans leur âme et dans leur chair, et de quelques malversations aussi inattendues que contraires à la bonne morale de l’époque !

Pierre Lemaitre dépeint une société exsangue dans laquelle le poilu survivant n’atteint pas le prestige des morts glorieux et se montre encombrant. On veut tourner la page, oublier cette tragédie… Le cynisme l’emporte souvent sur le respect dû à leur sacrifice. Les valeureux sont morts. Ceux qui reviennent vivants ont dû faire preuve d’une certaine lâcheté... Cette constante est la même dans tous les conflits, et on ne peut se défaire d’établir un parallèle entre ces poilus et ceux qu’on appelle les vétérans de la guerre du Vietnam aux Etats-Unis. Au point de vue historique, Pierre Lemaitre réalise une brillante démonstration !

D’autre part, son étude sociologique, fouillée et crédible, nous emmène dans un univers à la Zola, et montre une société vieillissante avec ses classes, sa hiérarchie, ses ambitions, ses personnages animés par la volonté de survivre après un désastre ou encore de s’enrichir sur les ruines de cet holocauste à peine imaginable.

La qualité du travail d’historien et de sociologue permet à Pierre Lemaitre de donner corps à une multitude de personnages denses et plus vrais que nature avec lesquels on s’immerge dans une époque foisonnante et une intrigue passionnante, à tel point qu’une fois commencée, l’histoire vous tient en haleine jusqu’au dénouement (Je l'ai littéralement dévorée en 2 jours !).

Rares sont les romans qui offrent un tel plaisir ! Pourtant, le sujet est grave… Mais qu’importe, c’est bien du plaisir qu’on ressent à cette lecture richement documentée et parsemée, de ci de là, de réflexions sur la nature humaine si souvent égoïste et cynique : « Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Cette citation reprise en quatrième de couverture illustre parfaitement l’état d’esprit général de l’auteur qu’on sent parfois antimilitariste et souvent humoriste même dans les pires moments, le tout avec une justesse de ton jamais prise en défaut…

Franchement, des romans de cette trempe, j’en redemande ! Pierre Lemaitre a sans conteste joué une carte maitre qui ne pouvait qu’emporter la mise !

 

MichelANgelo 2013

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