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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 10:50

Marianne vient de perdre son emploi, elle élève seule sa fille Fanny et sombre doucement dans une crise existentielle, voire une dépression depuis sa perte d’emploi et le décès de sa mère. Ses retrouvailles fortuites avec sa cousine Martine, perdue de vue depuis une bonne vingtaine d’années va bouleverser encore un peu plus une vie en équilibre fragile.

Martine était un modèle de beauté et d’assurance pour Marianne lorsque, adolescentes, elles passaient leurs vacances ensemble. Mais la mère de Marianne avait décidé de couper les ponts avec sa sœur surnommée Biquette et sa nièce Martine au prétexte qu’elles étaient peu fréquentables.

En effet, Biquette avait rapidement sombré dans l’alcool alors qu’elle était encore institutrice en maternelle, et déclarait fièrement, telle une mante religieuse, avoir été veuve sept fois !

Quand Marianne rencontre Martine chez elle, c’est un choc. Elle vit dans quinze mètres carrés avec Lucien, homme paumé et souvent violent. Marianne décide, avec l’accord de Martine, d’écrire un livre sur elle, trouvant là prétexte à renouer des liens où la fascination l’emporte sur une certaine forme de dégoût pour cette cousine qui boit du matin au soir et vit dans une précarité affective et matérielle indéniables. Pourtant, Martine semble moins en difficulté que Marianne…

L’auteure admet avoir écrit un roman assez autobiographique. Martine n’est autre que la Sylvie de sa dédicace. La dureté parfois insoutenable des faits rapportés prouve une volonté d’authenticité et essaye de rendre compte sans fard, objectivement.

Pourtant, l’émotion constante que l’on ressent chez Marianne trahit parfois une volonté de travestir, d’embellir une réalité au-delà du supportable. Les sentiments extrêmes sont portés par une écriture vibrante, souvent à la limité de la rupture. Les paragraphes et les chapitres s’enchainent parfois dans une confusion émotive qui nous fait perdre le fil. L’auteure parle-t-elle de Marianne ou de Martine ? De Martine ou de Biquette ?

Voulu ou pas, ce déroulement chaotique bouscule tout sur son passage comme une rivière longtemps restée calme déborde et submerge tout avec ses eaux boueuses et son limon abject et nauséabond sorti des profondeurs de la mémoire refoulée de ces personnages hors du temps.

Le lecteur se doit de rester solidement accroché à son fauteuil car les turbulences sont nombreuses. Malgré tout, il trouvera entre les lignes matière à renouveler sa propre vision de l’humanité. La beauté et l’amour prennent parfois des formes auxquelles on ne nous a pas préparés.

Nathalie Kuperman a signé là un ouvrage très réussi entre fiction et réalité, touchant à l’intime et à tout ce qui mérite d’être exhumé dans la nature humaine parfois si complexe. Merci à elle de bousculer avec talent les certitudes que l’on se forge au fil du temps et de notre expérience incomplète par nature.

 

Michelangelo 26/10/2019

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