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9 décembre 2018 7 09 /12 /décembre /2018 12:16

D’après Alexandra Schwarzbrod, du journal Libération, « la Tresse est un roman très macronien. Il laisse entendre que tout est possible, même ce qui paraît impossible, que qui ne tente rien n’a rien, que la foi soulève les montagnes, etc. » (Libération 29/05/2017).

Pour ma part, j’ai le sentiment que cette dame apporte une explication bien rudimentaire et biaisée à un succès de librairie réjouissant, poétique et engagé pour la cause des femmes.

Le sempiternel discours de la gauche moyenâgeuse qui refuse de croire que l’engagement personnel, la détermination, voire une croyance ou l’amour, peuvent déplacer des montagnes est une grave erreur. Cela revient à laisser trop de place au déterminisme social ou culturel, c’est admettre qu’on ne peut rien entreprendre, rien espérer.

Alexandra Schwarzbrod joue ce jeu dangereux qui vient contrecarrer le message avant tout féministe de Laetitia Colombani. Elle s’enferme dans une logique de classe dépassée où l’élite intellectuelle pense pour le commun des mortels. Elle apporte une fausse analyse du roman et donne une fausse idée de la pensée macronienne qui est humaniste, courageuse et empathique.

Le roman de Laetitia Colombani est le récit croisé de trois femmes qui se trouvent dans la nécessité de faire un choix crucial pour leur avenir. Elles vont prendre leur destin en main pour refuser la fatalité qui les accable.

Smita, intouchable indienne au cruel destin veut que sa fille aille à l’école et apprenne à lire et écrire. Mais elle est enfermée dans les limites fixées par une société profondément inégalitaire et devra se révolter au péril de sa vie.

Sarah est une avocate canadienne à la brillante carrière. Admirée mais aussi jalousée elle prend conscience de son propre aveuglement lorsque la maladie remet tout en question. Elle va faire table rase et se battre pour devenir elle-même et retrouver toute sa dignité.

Giulia vit en Sicile avec sa famille. L’entreprise familiale est menacée lorsque le père est victime d’un grave accident. Giulia va devoir assumer un rôle que la tradition ancestrale lui refusait jusqu’alors. Sa rencontre avec l’énigmatique Kamal, immigré sikh va bouleverser tous ses repères et bousculer tous les préjugés.

La tresse devient une liaison allégorique entre trois femmes qui ont décidé de se battre et  ne pas s’en remettre à la douceur mortifère de l’abandon. Elles brisent leurs chaînes avec détermination et s’engagent résolument vers un destin choisi et non subi.

La lutte est âpre et dangereuse pour elles. Pourtant, l’auteure démontre combien il est vivifiant et mobilisateur de refuser l’inacceptable. Il n’existe que l’épaisseur d’un cheveu entre ces deux attitudes, le combat ou la résignation. Laetitia Colombani a fait le bon choix quand Alexandra Schwarzbrod est restée prisonnière de ses préjugés et de son mode de pensée.

Ainsi va la vie, faite de hasard et de nécessité, selon la théorie du biologiste Théodore Monod. C’est ce hasard et cette nécessité que Laetitia Colombani va tresser ensemble dans un langage poétique, par des phrases courtes mais lourdes de sens, par une musicalité d’écriture et une sensibilité cachée derrière la dureté du propos.

Résolument optimiste, ce roman est digne de notre considération. Par l’universalité du thème qu’il traite, la délicatesse d’écriture et le message d’espoir qu’il lance en direction des femmes, il aurait mérité un prix littéraire. Pour cela, il aurait peut-être fallu moins de condescendance de la part de toutes les Alexandra Schwarzbrod !

 

Michelangelo 9/12/2018

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