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10 septembre 2017 7 10 /09 /septembre /2017 18:42

Le commissaire Erlendur a beaucoup enquêté, et on sentait une forme d’usure chez ce vieux policier blasé, anachronique, désuet, parfois cynique et tellement attachant créée par l’auteur. Ce n’est donc pas une réelle surprise de voir ce personnage sensible et intuitif revenir sur le devant de la scène, non comme l’enquêteur génial qu’il était devenu, mais à ses tous débuts, alors qu’il embrasse juste la carrière de policier par la petite porte, enchaînant les rondes de nuit avec ses collègues Gardar et Marteinn et multipliant les contrôles d’alcoolémie et interventions aussi diverses que peu glorieuses à Reykjavik…

La vie tranquille et monotone d’Erlendur bascule le jour où un clochard pour lequel il avait de l’estime est retrouvé noyé dans les anciennes tourbières. Pas convaincu de l’aspect accidentel de cette triste fin, il va mener son enquête en dehors de ses heures de service. La disparition concomitante d’une jeune femme va attiser son désir de vérité et l’amener, avec une intuition qui n’appartient qu’à lui, à découvrir l’invraisemblable cruauté de l’espèce humaine et le sordide qui accompagne les actes les plus odieux.

Arnaldur Indridason a soigné l’étude psychologique de l’ensemble de ses personnages et de son jeune héros. L’ambiance de la ville sous l’influence de la nuit boréale et des délinquances de tous genres sonne avec une grande justesse.

On prend plaisir à suivre la modeste enquête menée par Erlendur, enquête au cours de laquelle il va révéler l’ampleur de ses qualités professionnelles.

Sa vie personnelle est triste, grise, ponctuée d’échecs et assombrie par ce passé qui le hante : les disparitions inexpliquées et tragiques, comme celle de son jeune frère dont on n’a jamais retrouvé le corps sur la lande il y a si longtemps...

Mais Erlendur reste sympathique, malgré la noirceur du roman et on aime le voir à ses lubies passéistes, son refus de la nouveauté et de l’alimentation à l’américaine envahissante et son goût personnel pour la gastronomie traditionnelle faite de plats qui semblent si peu ragoûtants et souvent nauséabonds !

Arnaldur Indridason aime les destins croisés, on le sait, et ce roman n’échappe pas à cette règle de construction. Le clochard noyé et la jeune et belle femme disparue ne sont que les deux aspects d’une même affaire et l’habileté d’ Arnaldur Indridason sera de mener le jeune policier vers un dénouement parfaitement maîtrisé, sans oublier de toucher le lecteur au cœur.

Arnaldur Indridason reste pour moi un maître de l’écriture qu’on ne peut cantonner au roman policier-thriller. Il donne à ce genre parfois dénigré, et comme tant d’autres écrivains, des lettres de noblesse et une valeur artistique que tant de critiques tardent à lui accorder.

 

Michelangelo 10/09/2017

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