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29 avril 2020 3 29 /04 /avril /2020 13:32

Court roman qui tape très fort. La morale ordinaire et la morale religieuse se retrouvent dos à dos dans leur incapacité à surmonter le phénomène de l’abus sexuel sur de jeunes enfants. L’auteur démontre comment la Justice se montre incapable de réparer le tort causé à la jeune victime, tout comme l’organisation religieuse ne sait que se taire sur ces drames très embarrassants.

Ne voulant nullement dévoiler la trame de l’intrigue, simple et abrupte, je m’arrêterai là en ce qui concerne l’histoire évoquée.

Le titre est volontairement ambigu. Le Père peut être à la fois l’homme géniteur et le Curé de la paroisse. Grégoire Delacourt tisse une vaste toile qui englobe ces deux aspects de la Paternité en y ajoutant la dimension symbolique, voire psychanalytique. Par force rappels au premier Testament, il insiste (assez lourdement à mon avis) sur le dilemme vécu par Abraham sommé par Dieu lui-même de sacrifier son fils Isaac afin de démontrer sa totale dévotion. Sauvé par l’intervention d’un Ange, Isaac sera épargné.

On apprend également que ce qui tue, c’est le silence. Ne pas nommer les choses et les gens empêche la libération attendue par la victime. Se taire c’est installer sur celle-ci une chape de plomb qui condamne à une souffrance infinie.

Faut-il une justice des hommes qui condamne mais ne répare pas, ou une justice divine qui préconise une sentence automatique du type œil pour œil, dent pour dent, ou pardonnez à ceux qui vous ont offensé ? Edouard, le père de Benjamin est réduit à se poser cette question fondamentale dans un huis-clos lourd où nul détail du crime n’est éludé.

Le  roman se dévore en quelques heures. Le lecteur est happé par une mise en scène faite d’allégories, de métaphores, de symbolique. La haine côtoie l’amour, les phrases sont comme des couperets, tranchants et brillants, parfois souillés par le sang des victimes.

Les phrases courtes et ciselées laissent parfois tomber des mots rares dont le sens demande toute l’attention du lecteur qui jamais ne se repose. Seule la découpe en courts chapitres permet de souffler.

Edouard a pour parents une bigote et un boucher qui a honte de ses mains éternellement tachées de sang. Edouard fréquente Nathalie, la mère de Benjamin, hors mariage et leur couple bat de l’aile au moment où Edouard apprend la terrible nouvelle et voit le désarroi de son fils Benjamin. Tout concourt à rendre l’atmosphère oppressante et stressante.

La chute du roman apporte une surprise de taille qui bouleverse et interroge à nouveau. L’âme humaine y puise une nouvelle preuve de son insondable et cruelle complexité.

 

Michelangelo 29/04/2020

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