Il se fait appeler Monsieur Charles dans les cabarets qu’il fréquente autour du Faubourg Saint Germain. Mari très volage essentiellement attiré par les entraîneuses, il délaisse sa femme Nathalie qui sombre peu à peu dans l’alcoolisme. Ce couple à la dérive est confortablement installé dans un Hôtel particulier et Monsieur Charles, alias Gérard Savin-Levesque, réalise de belles affaires dans son cabinet notarial. Un beau matin, Madame Sabin-Levesque se rend au Quai des Orfèvres afin de notifier la disparition de son mari, et ce depuis trois bonnes semaines. Intrigué, le commissaire Maigret va entamer une enquête qui va révéler bien des mystères cachés derrière les apparences affichées par cette haute bourgeoisie parisienne.
Simenon ne déçoit pas son lecteur. Il est passé virtuose dans l'art de créer une atmosphère intrigante avec des éléments simples.
Le décor est celui d'une société bourgeoise figée dans ses principes et son mode de vie où l'apparence cache mal les outrances. L'analyse sociologique est fine et crédible. On a l'impression de revenir à l'époque des années folles et de côtoyer Aristide Bruant ou Toulouse-Lautrec !
Madame Maigret est toujours discrète et à l'écoute de son mari, fidèle à l'image de la femme soumise des années soixante. Maigret boit un peu trop et s'arrête souvent au bistrot pour boire une bière ou un cognac… Une autre époque en somme, mais tellement bien décrite !
L'écriture est parfaitement soignée. Simenon écrit court mais avec la grande application d'un orfèvre des mots. Quand je me plonge dans ses romans, j'ai l'impression d'entrer dans un univers agréable, reconnaissable entre tous, désuet et pourtant si présent. Je crois que seuls les meilleurs écrivains sont capables de rendre cela, une vision du monde qui s'impose à tous.
Michelangelo 27/12/2019