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16 septembre 2019 1 16 /09 /septembre /2019 09:59

Cette jeune fille à la perle n’est autre que la jeune servante engagée dans la maison du peintre Vermeer. L’auteure donne une version très libre des rapports entre la jeune fille et le peintre, rapports ambigus qui vont mènent naturellement vers une forme d’amour refoulé qui se concrétise par cette possession quasi charnelle de mise en portrait. Griet devient la complice autant que l’assistante du Maître ému par sa sensibilité et sa douceur. De cette communion nait un chef-d’œuvre pictural incontestable

Tracy Chevalier prend le parti de donner la parole à Griet. C’est elle qui est narratrice… La grande qualité de l’écriture au vocabulaire riche et au contenu élaboré, la fine analyse des sentiments, la crédibilité des personnages mettent en doute le fait que Griet, qui se désigne elle-même comme analphabète, ait pu écrire cette histoire. Cet aspect dérangeant pour moi ne retire rien au plaisir que j’ai ressenti à la lecture de l’ouvrage mais provoque un doute chez le lecteur quant à l’authenticité des propos supposés. Certes, il s’agit bien d’une fiction, mais la fiction aurait gagné à être racontée par un témoin extérieur…

L’époque évoquée est parfaitement restituée. La vie quotidienne du peuple de Delft en Hollande et au XVIIème siècle est richement commentée, comme autant d’images d’Epinal qui nous guident dans cet univers en passe de modernité et souvent entrainé vers les turpitudes moyenâgeuses, tels la peste, la faim, la grande pauvreté…

Les métiers de l’époque sont décrits et l’on s’attarde sur la faïencerie, ou les commerces de marché. Les familles sont marquées par un patriarcat puissant, et l’épouse est une génitrice avant d’être une femme. La femme de Vermeer n’échappe pas à cette injonction sociale avec ses onze enfants !

Le plus beau dans ce roman est peut-être cette description minutieuse du métier de peintre à l’époque, métier qui me semble-t-il, a peu évolué depuis les grands maîtres de la Renaissance italienne. On apprend comment Vermeer fabrique ses couleurs en achetant les ingrédients chez l’apothicaire, organise son plan de travail, la mise en scène, l’éclairage, les différentes étapes de la réalisation picturale…

Pour résumer, ce roman mérite le succès qu’il a rencontré à sa sortie. Il est original, propose une lecture de la création picturale avec une vraie dimension historique, voire sociologique. On se prend de sympathie, et peut-être avec une certaine compassion pour cette jeune fille qui se cherche et se trouve dans le regard du célèbre peintre. Il reste malgré tout deux inconvénients majeurs qui ternissent mon enthousiasme : la narratrice en tant que telle n’est pas crédible. Vermeer n’est qu’une ombre qui va et vient dans l’histoire tel un fantôme, un peu comme si Tracy Chevalier n’avait pas osé approcher le Maître de trop près !

 

Michelangelo 16/09/2019

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