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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 11:11

Augustin est stagiaire dans un petit journal de Charleroi. Non rémunéré, orphelin et sans domicile, il subsiste tant bien que mal. Il possède un don. Celui de voir les morts rôder autour des vivants… Ce talent inné va l’entraîner bien malgré lui dans la folie de l’intégrisme, de l’islamisme radical et, accessoirement, à s’interroger sur Dieu, sa réalité et son projet pour l’Humanité.

Le suspense est construit un peu à la manière d’un roman de Fred Vargas. Les personnages côtoient une forme de démesure à la limite de l‘extraordinaire, voire du mystique. La juge d’instruction est un personnage de cirque, le commissaire un Panturle que n’aurait pas renié Giono, le transsexuel Oum Kalsoum l’héroïne d’un film d’Almodovar, Pégard un journaliste véreux caricatural  à la manière d’une Bd de Hergé !

Le côté mystique semble tout droit sorti de l’imagination débordante d’un Werber au mieux de sa forme. Les dialogues avec Dieu et le moyen de parvenir à cette rencontre improbable en sont d’ailleurs totalement inspiré. Le petit plus est livré par cette réflexion appuyée, grave et circonstanciée sur le sens du divin, la liberté de croire ou de ne pas croire, la responsabilité de Dieu et des hommes dans le malheur, la violence et l’assujettissement des individus… La part philosophique ronge un ouvrage qui hésite entre farce actuelle, récit philosophique et bande dessinée de qualité.

Il me semble que l’auteur a constamment hésité sur le sens, si ce n’est la direction qu’il voulait donner à son ouvrage. Cela se confirme par son irruption dans l’intrigue, où il va agir comme  l’interprète de ce qui n’a pas ou peu de sens, voire de vraisemblance. On comprend très vite qu’il est difficile de philosopher avec l’intégrisme et que l’aspect moralisateur du roman est fragile et facilement sujet à controverse. Cette présence de l’auteur dans son propre roman n’est pas nouvelle et peut-être inspirée par l’œuvre de Joël Dicker La vérité sur l’affaire Harry Québert, surtout pour la réflexion au sujet de l’acte d’écriture.

L’enquête piétine. Contre toute logique en pareil cas, l’anti-terrorisme n’est pas sollicité et l’auteur parait laisser le champ libre aux divers protagonistes, le temps nécessaire pour lui de monter sa fable philosophique et de dérouler  sa réflexion mystique.

Le style d’Éric Emmanuel Schmitt est agréable et les réparties souvent délicieuses. Cela permet au lecteur d’apprécier au moins la forme à défaut de souscrire pleinement à une narration prometteuse dans ces débuts et parfois ennuyeuse ensuite. Le parti-pris de l’auteur n’est pas net. Il règne comme une impression de piétinement, d’hésitations qui empêchent le lecteur de souscrire totalement au projet.

Au-delà du style, le rapport au divin cher à Éric Emmanuel Schmitt enrichit grandement l’ouvrage et l’empêche de tomber dans une forme de nébuleuse multiforme, dans une énième tentative navrante et pathétique de comprendre le terrorisme ordinaire ou le fait religieux…

Pour finir, mes nombreuses allusions à une similitude entre certains éléments du roman d’Éric Emmanuel Schmitt et d’autres romans ou films réputés n’indiquent pas une suspicion de plagiat, mais confirment une inquiétude de l’auteur concernant l’acte d’écriture lui-même : qui est derrière la plume qui trace les mots ? Il semble que les muses appelées à la rescousse ont été peu inspirées…

Michelangelo 2018   

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