L’orpheline du bois des loups Marie-Bernadette Dupuy

Marie est une jeune orpheline placée dans une institution religieuse. En 1906, Jean Cuzenac, riche propriétaire terrien de Corrèze, l’embauche dans sa belle demeure pour devenir servante. Ce qui pourrait être une porte de sortie vers un futur plus radieux devient pour Marie le début d’une longue et difficile expérience.

Soutenue par les métayers et leur fils Pierre, dont elle va tomber amoureuse, elle vivra des années délicates où alterneront moments fugaces de bonheur et longues périodes de malheur.

Mais le lourd secret détenu par Jean Cuzenac apportera une éclaircie salvatrice… à moins que Macaire, l’horrible neveu de Jean ne parvienne à ses fins diaboliques…

Marie-Bernadette Dupuy nous propose une belle histoire à rebondissements avec de beaux personnages et dans des décors soignés. Le Limousin et la Corrèze y apparaissent sous les meilleurs jours, dépeints avec beaucoup de précision et de détails qui rendent l’ensemble chatoyant.

L’auteure décrit avec authenticité cette vie paysanne d’une époque où le monde rural représentait l’essentiel de la population française. D’autre part un lieu mérite toute l’attention de l’écrivaine et du lecteur : l’orphelinat d’Aubazine, celui-là même où Coco Chanel passa six années…

L’écriture est soignée sans être puissante. Une place importante est laissée à l’analyse psychologique des personnages principaux. On ne tombe pas dans les clichés traditionnels, même si les diverses interactions restent prévisibles. Il y a bien des bons et des méchants, mais sans que cela soit exagéré ou trop prévisible. L’émotion que l’on ressent est réelle et non fabriquée.

J’ai pris un vrai plaisir à suivre cette aventure qui s’inscrit dans le temps long, de 1906 aux années cinquante, en traversant donc deux guerres mondiales et les ravages qu’elles ont occasionnées jusque dans les villages les plus reculés. Je me suis attaché aux héros de cette saga qui sont parfois touchants et si proches de nous avec leurs questionnements et leurs histoires de famille enfouies sous les cendres du passé. D’orpheline, Marie deviendra par sa seule volonté, institutrice, montrant ainsi combien ce que l’on nomme l’ascenseur social avait de sens au vingtième siècle.

Le roman de terroir n’est décidemment pas un genre mineur, bien au contraire. Il porte ses lettres de noblesse avec quelques grands écrivains dont  Marie-Bernadette Dupuy fait partie.

Je vais commander sans tarder le tome 2 de cette saga réjouissante.

Michelangelo 4/01/2021