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13 février 2020 4 13 /02 /février /2020 11:41

Une toute jeune paysanne est vendue par son père au Maître de forge. Il pense ainsi échapper à la pauvreté qui l’accable, lui, sa femme et ses deux filles restantes. Hélas, il se rend vite compte qu’il a eu tort et part à la recherche de Rose pour la ramener à la maison.

Pendant ce temps, Rose est devenue l’esclave d’une brute secondée par une reine-mère odieuse, dans ce qui ressemble à un château médiéval digne d’un conte à terrifier les enfants et les adultes… Mais le brave Edmond veille, même s’il manque de courage et d’ambition.

L’histoire racontée en partie par la jeune victime dans ce qui s’apparente à un journal possède toutes les caractéristiques d’un conte traditionnel avec les bons, les méchants, les fourbes et les peureux, les symboliques classiques telles la transgression, la curiosité, la vengeance, la culpabilité, la rédemption, la filiation. Ajoutez à cela une succession de viols sordides, de mort mystérieuse, d’enfermement et de violence extrême et vous aurez une idée du contexte environnemental de l’ouvrage.

Le fil de l’histoire est perturbé par une construction d’écriture risqué. Bien qu’il s’agisse de la transcription du récit de Rose, l’auteur intercale de nombreux paragraphes censés représenter les réflexions et le vécu des uns et des autres protagonistes, dans le but d’enrichir le contexte et faire avancer l’intrigue. Ce procédé, loin d’améliorer la lisibilité, rend l’ensemble parfois incohérent ou nébuleux.

Les digressions poétiques et philosophiques de l’auteur passent par un style qui est d’une grande élégance mais aussi trop souvent à la limite de l’abscond. Il m’a fallu relire plusieurs phrases alambiquées avant d’en comprendre le sens au-delà de la forme chatoyante ou colorée.

D’autre part, la ponctuation et la grammaire des écrits de Rose peuvent dérouter. Malgré tout, j’en fais une des réussites de l’ouvrage, concevant qu’il n’était pas simple de rendre crédibles ou authentiques l’écriture d’une très jeune paysanne de quatorze ans jamais scolarisée…

Quant à sa facilité à manipuler les notions philosophiques que sont le temps et le sens de la vie ou de la mort, je ne veux pas être le premier à déduire de sa situation sociale son incapacité à penser le monde et je laisse à chacun la liberté d’approuver ou non la notion de déterminisme de classe et admettre ou pas cette possibilité pour Rose de philosopher allègrement malgré son grand désarroi et les violences terribles qu’elle  subit…

En tant que lecteur, et pour résumer mon ressenti, l’auteur a un don évident pour tisser une prose assez poétique et suffisamment intrigante pour donner envie de le suivre au fil des chapitres.

Ses personnages sont un peu caricaturaux, mais c’est généralement le cas dans un conte. Ses nombreuses digressions poétiques ou réflexions sur le sens de vie sont parfois à la limite de l’ennui. L’épilogue est une totale déception, aussi fumeuse qu’improbable. C’est d’ailleurs cette fin un peu ridicule qui m’a laissé une sensation de frustration en refermant le livre.

Primé de nombreuse fois, je ne doute pas que ce roman possède des qualités indéniables. Pour ma part, je n’ai vu que les défauts qui, bien que non rédhibitoires, ne m’ont pas permis de passer un vrai bon moment de lecture à la hauteur du plaisir que j’ai eu à l’acheter, avec gourmandise et envie. Dommage !

 

Michelangelo 13/2/2020

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