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19 août 2019 1 19 /08 /août /2019 09:37

Roman de la rentrée littéraire, et offert par l’Opération Masse critique en collaboration avec les éditions Flammarion, c’est un petit bonheur comme il en existe peu de nos jours…

Belle couverture, une quatrième de couverture qui donne envie… Le luxe et le raffinement discret d’une belle édition qui me change des livres de poche. Voilà bien des motifs de me réjouir. Ma lecture attentive commence sous de bons auspices…

Léonard est un adolescent particulièrement introverti. Il est en vacances dans un camping des Landes, avec sa famille, et son attitude voulue d’une certaine forme de marginalité, d’autisme et de rejet des conventions fait pendant avec son grand désir d’être aimé, de trouver l’amour charnel et la communion avec ses semblables. En tout cela, il ressemble à tout adolescent en pleine crise de croissance physique et mentale.

La veille de son départ, il assiste à la mort accidentelle d’Oscar, compagnon de galère sur le camping, étranglé par les cordes d’une balançoire d’enfants. Loin de lui porter secours, il reste impassible devant la tragédie qui se déroule devant ses yeux. Puis paniqué, il s’empresse d’ensevelir le cadavre sous le sable des dunes avoisinantes.

Le remords qu’il va ressentir, ajouté à son chassé-croisé avec Luce, jeune séductrice aussi inconsistante que diablement belle et papillonnante, va fournir la matière à cette courte variation sur l’absurdité de l’existence et le refus d’un bonheur artificiel mais socialement estimé.

Léonard est comme le Meursault de Camus, perdu dans ses contradictions et victime de la chaleur écrasante et du soleil impitoyables et impropres à calmer la douleur profonde du héros perdu, acteur autant que témoin d’une mort inutile et sans retour.

Si l’auteur a bien retenu de son maître, son propos a une portée bien moindre. La vraie et authentique désespérance de Meursault n’est pas du même calibre que celle des atermoiements d’un adolescent en pleine crise.

D’autre part, les nombreuses incohérences factuelles ne permettent pas au lecteur de souscrire pleinement à la trame dramaturgique voulue par l’auteur. A force d’invraisemblances, difficile d’éprouver une forme d’empathie avec Léonard qu’on a surtout envie de secouer pour qu’il retrouve enfin ses esprits.

Ma critique est peut-être excessive, car globalement l’ouvrage ne laisse pas complètement indifférent. C’est un premier pas dans l’écriture plein de bonnes intentions, appliqué et au style assez soigné, voire agréable. Mais vouloir écrire une variation de l’Etranger, à la manière de Camus, est une gageure que personne n’a réussie jusqu’à présent (sauf peut-être, mais pour d’autres motifs, Kamel Daoud avec son excellent Meursault, contre-enquête).

Reste un jeune écrivain très prometteur qui devra tracer son propre sillon pour devenir l’incontournable auteur qu’il rêve de devenir un jour. Pour cela, il ne faut pas mettre la barre trop haute dès le premier essai.

 

Michelangelo 19/08/2019

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