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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 16:38

Philippe Claudel possède un style reconnaissable entre tous. Très vite, dès les premiers mots, il nous installe dans son univers fait de phrases souvent imagées, taillées au cordeau et de personnages atypiques qui emplissent l’espace de leur silhouette embarrassante et de leur caractère irascible.

Sa plus grande réussite à ce jour, Les âmes grises, sont un modèle du genre. Croire que l’auteur cède à la facilité et aux clichés serait une injure. Il n’y a pas plus original et déstabilisant que l’univers romancé de Philippe Claudel. C’est sa manière d’écrire. Parfois, dans certaines de ses outrances, il me fait penser à Giono et l’évocation de la dureté d’un monde méridional rustre qu’il raconte avec tellement de bienveillance…

Tous deux possèdent ce don merveilleux d’évoquer l’insupportable avec la plus belle des poésies, rendant l’absurde et le dramatique acceptables, sans pour autant les cautionner, mais au contraire en stigmatisant les travers de l’humanité et en rendant parfois hommage à la grandeur d’âme.

Ce roman n’échappe pas à la règle. Cet archipel volcanique tranquille va connaitre un bouleversement terrible lorsqu’on retrouve les corps de trois immigrés noirs échoués sur la plage. Cet évènement va révéler la vraie nature des protagonistes enfermés dans leurs habitudes d’insulaires éloignées des injonctions du monde présent. Tout va basculer inexorablement vers le monstrueux.

L’enchainement des évènements et les réactions des personnages nous font glisser vers un dénouement qu’on peine à deviner, puis qui s’impose au lecteur en toute fin de roman.

Il m’apparait que cette façon de procéder donne une impression de fin tronquée. Comme si cette fin n’était pas à la hauteur de nos attentes de lecteurs.

Certes, ce qui ressemble à une punition divine miraculeusement tombée du ciel sur ceux qui ont éprouvé du mépris, de l’indifférence voire de la haine pour ceux qui sont étrangers à leur insularité, sonne comme une juste rétribution finale.

Malheureusement, Philippe Claudel ne parvient guère à convaincre. Il semble être resté au milieu du gué, se contentant de faire l’inventaire des motifs et punitions méritées, coupant court à une analyse plus fine qui aurait mérité un développement narratif plus poussé.

Voilà un exemple de roman dans lequel l’auteur semble vouloir reprendre à l’infini ses techniques d’écriture éprouvées pour proposer un roman qui devrait bien se vendre, mais qui néglige le dénouement.

Je pense qu’il a échoué dans sa tentative, sans pour autant avoir écrit une mauvaise histoire et qu’il lui faudrait faire preuve… d’humilité ? C’est à ce prix seulement que son œuvre ne décevra pas ses lecteurs assidus dont je suis un humble représentant.

 

Michelangelo 10/02/2019

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