Basé sur des faits réels, cette aventure extraordinaire pour le XVIIIème siècle entraîne le lecteur sur les traces de l’explorateur Auguste Benjowsli. Issu d’une famille noble d’Europe Centrale, militaire de renom, il fut exilé de force en qualité de prisonnier sur la presqu’ile de Kamtchatka, en Sibérie, où il va tomber amoureux de la belle et jeune Aphanasie. Tous deux vont s’évader avec l’aide de complices dévoués à bord d’un bateau sur lequel ils vont commencer leur tour du monde.
L’histoire est racontée par Auguste et Aphanasie à Benjamin Franklin, immense personnage de la fondation des Etats-Unis d’Amérique, auprès duquel ils viennent chercher aide et soutien.
Il faut préciser qu’Auguste et Aphanasie, débarqués sur Madagascar quelques années auparavant, ont bâti là une société unifiée et libre dont les chefs tribaux ont fait d’Alexandre leur roi, le roi Zibeline.
Objet de toutes les convoitises de la part des pays colonialistes de l’époque (Angleterre, France, Hollande pour ne citer qu’eux), Madagascar court le risque d’être envahie puis asservie tel un beau gâteau dont chacun veut sa part.
Auguste et Aphanasie sont idéalistes et s’y opposent avec ferveur. Auguste a bénéficié dans sa jeunesse d’une éducation basée sur les principes hérités des grands penseurs de l’époque tels Rousseau, Voltaire, Diderot. Aphanasie n’y est pas insensible non plus, bien au contraire !
Cette éducation dispensée par le modeste mais influent Bachelet aura marqué la vie et les modèles de pensée d’Auguste.
Quant à Aphanasie, jeune femme en recherche de liberté et d’égalité des sexes (bien avant l’heure), elle a succombé aux belles idées apportées par Auguste autant qu’à son charme fait de virilité et d’intelligence. En femme avisée, elle saura partager d’égal à égal avec lui une vision du monde moderne et fraternelle.
Bien que romancée, cette aventure suit pas à pas le périple d’Auguste jusqu’à son sacre sur l’île de Madagascar. L’auteur nous entraîne avec ses héroïnes dans le quotidien de ces explorateurs d’une époque fertile en découvertes. Merveilleuse époque passée à la postérité grâce à La Pérouse, Bougainville et tant d’autres.
L’écriture est belle, délicieusement surannée et raffinée. Tout cela fleure bon l’Académie française et le plaisir des belles lettres et des mots chatoyants. La lecture glisse sans difficulté, faisant la part belle au plaisir du contenu et de la forme parfaitement complémentaires.
On voit combien le travail de recherche et d’analyse n’a pas été occulté afin de rendre l’ouvrage aussi réaliste qu’authentique. L’aspect historique et la dimension romanesque se retrouvent à égalité, livrant un roman d’une force évocatrice si parfaite que le lecteur se sent transporté dans une épopée forte où vibre le désir que chacun porte en soi fait de liberté, d’amour et de fraternité mêlés.
Notre monde est désolant, l’horizon très obscurci par les prévisions négatives qui accablent l’Humanité. Le roi Zibeline est à même de redonner la lueur qui peut-être nous sauvera de la noirceur actuelle.
Michelangelo 2018-10-18
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