Il m’aura fallu tout ce temps pour comprendre enfin que je ne suis qu’une brindille ballotée par le courant de la vie. Alors que parfois je bois la tasse, j’entrevois autour de moi les pathétiques qui pensent remonter le courant et les audacieux qui imaginent le dompter. Mes souvenirs sont autant de petits cailloux semés tout au long de la berge qui disparaissent peu à peu derrière moi alors que je voudrais les étreindre une dernière fois. Je vois déjà venir vers moi l’océan de l’oubli dans lequel je sombrerai prochainement. Je me diluerai dans ce qui n’est ni un paradis, ni un enfer, mais un rêve aquatique où toute respiration devient inutile et où les battements de mon cœur abandonné sera remplacé par le ressac éternel et apaisant des vagues sur le rivage.
Michelangelo 2017