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28 septembre 2017 4 28 /09 /septembre /2017 10:49

Manu et Nadine sont deux femmes quarantenaires désespérées qui vont se retrouver par hasard dans leurs déambulations folles. De cette rencontre improbable devant une gare la nuit va naître une forme d’amitié féroce qui va tout détruire autour d’elle.

Ce lien très puissant qui va les unir pour quelques jours, aussi brusque que total, va catalyser toute leur amertume envers la vie, la déconsidération de la femme chez une frange d’hommes avides et chasseur de proies sexuelles consentantes (de gré ou de force). La relation déformée qu’entretiennent les deux amies avec la sexualité, les hommes, la drogue et l’alcool va se trouver exacerbée et portée à un paroxysme vengeur et délétère. Le voyage infernal commence, scandé par une musique rock violente. Les morts vont se succéder à un rythme effréné jusqu’au dénouement prévisible…

Le road-trip a un goût de déjà lu ou déjà vu. On en a de nombreux exemples en référence. Ce qui est assez novateur, c’est d’avoir accentué cette fuite en avant sans ménagement pour le lecteur. Les faits sont bruts, violents et à la limite de l’entendement. Les filles tuent souvent sans raison des innocents et seul l’humour dont elles font preuve sauve la situation. Novateur ne signifie pas forcément de bon goût et à ce sujet, j’ai parfois des doutes. Certes, la réalité dépasse parfois la fiction, mais Virginie Despentes pousse le bouchon un peu loin.

Au-delà des incohérences et du discours à l’opposé de la bienséance, l’auteur offre à notre vision d’érudit tranquille (je parle du lecteur moyen que je suis) un tableau nihiliste sorti d’un monde qu’on veut ignorer : celui de la dépravation et de l’obscénité ordinaire.

Les deux héroïnes sont révoltées contre leur misérable condition et vont organiser une descente aux enfers aussi infernale que peu réfléchie basée avant tout sur le ressenti et l’instinct immédiat qui, comme chacun le sait, est mauvais conseiller. Cette fuite en avant ne saurait à elle seule fabriquer une intrigue propice à la réflexion. C’est peut-être le défaut de cet ouvrage. Il donne à voir, il esquisse des réponses, mais le maelström dans lequel le lecteur se trouve entraîné envahit tout l’espace.

Il reste qu’un tel roman ne peut laisser indifférent. Son succès en est la preuve. Premier roman de Virginie Despentes, il est l’élément fondateur d’une façon d’écrire qui ne sera pas démentie dans les romans suivants. L’auteur s’est fait une place de choix dans l’univers impitoyable de l’édition par son style et sa vision du monde à la fois dérangeante et hélas parfois si vraie et cruelle.

 

Michelangelo 28/09/17

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