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2 novembre 2020 1 02 /11 /novembre /2020 11:51

Michel David est un romancier chroniqueur de la vie québécoise de la seconde moitié du vingtième siècle. En France, on le classerait écrivain du terroir, avec tout cela comporte de dédain (car en France, on s’inscrit facilement dans un élitisme littéraire de bon aloi).

J’ai lu avec beaucoup de plaisir les trois premiers tomes de cette poussière du temps et par commodité, je vais vous relater l’ensemble dans une seule critique, puisqu’en fait, ces trois opus racontent une même histoire. Seule la chronologie des évènements permet de découper cet énorme pavé en trois parties distinctes.

Le narrateur a un projet ambitieux. Il veut décrire dans le détail la vie d’une modeste famille de Montréal. Jeanne, fille de paysans québécois rencontre Maurice par hasard. Après un flirt au cours duquel Maurice fait tout pour se montrer aimable et enjôleur, le couple se marrie et s’installe dans un très modeste appartement en zone populaire de Montréal. Très vite, Maurice laisse tomber le masque et se montre tel qu’il est, violent, égoïste et autoritaire. Malgré tout, c’est un travailleur acharné et, gros avantage il n’est pas buveur et ne traîne pas la rue après sa journée de labeur. Autrement dit, on n’aura pas une histoire du type Germinal à la sauce canadienne !

Les jours et les années, faites d’évènements simples de la vie courante de l’époque, coulent au fil des pages. Michel David met un soin particulier à transcrire au plus près l’ambiance de l’époque, le vocabulaire, les modes. Très vite on suit ce fil chronologique avec le plaisir qu’on peut avoir à suivre un feuilleton télévisé dans lequel les personnages deviennent rapidement nos amis de chaque soir…

Jeanne n’est pas ni une potiche ni une féministe. Fidèle à la morale de l’époque, elle veut réussir son mariage et fera tout pour mettre Maurice au pas sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Faute de contraception, les enfants arrivent rapidement et atteindront le nombre de neuf, rendant le couple incapable de sortir de la misère dans laquelle il semble condamné. Pour Maurice, tout est de la faute de Jeanne qui ne fait pas assez attention. Le patriarcat fait rage ! Le premier tome, Rue de la Glacière pose les fondements de la série.

Pourtant, à force de courage, les époux vont se hisser très lentement vers un avenir plus clément. C’est cette lente, très lente ascension sociale que nous suivons dans cette trilogie.

Dans le second volet, Rue Notre-Dame, la famille déménage pour une maison plus grande mais assez insalubre. les enfants grandissent et commencent à s’émanciper. Paul, l’aîné de la fratrie, souhaite ardemment s’extraire de ce milieu social qui lui fait honte. Le téléviseur fait son entrée chez la famille Dionne. Maurice est toujours aussi coléreux et près de ses sous. Dès le plus jeune âge, les enfants sont mis à contribution et enchainent les petits boulots en plus de l’école. Le lever est toujours matinal, même en hiver. Pourtant, la chance leur sourit cette fois. Maurice est choisi pour devenir concierge d’un collège !

Le couple va déménager une fois de plus. Cette fois, ils achètent à crédit une maison neuve. Ce ne fut pas sans les atermoiements de Maurice qui croit voire son argent filer entre ses doigts avares….

Ainsi commence le troisième volet de la saga intitulé Sur le Boulevard. Nous abordons les années soixante. La famille a trouvé son rythme de croisière et s’installe dans un certain confort à défaut de trouver l’opulence. Le titre indique d’ailleurs clairement ce progrès social, puisque les Dionne accèdent au Boulevard et quittent les quartiers pauvres. Les enfants grandissent et soulèvent des problèmes liés immanquablement à cette croissance. Jeanne manipule avec aisance ce mari autoritaire dont on découvre petit à petit les bons côtés.

Le style de Michel David est simple, la narration coule avec aisance et les bons mots typiques fleurent bon le Canada oublié. On note évidemment certaines longueurs vite oubliées. Le descriptif historique et sociologique prend le pas sur la banalité des faits rapportés.

Rien d’exceptionnel ne ponctue ce roman autre que les évènements de la vie ordinaire. Le lecteur ne peut qu’éprouver un grand plaisir à s’immerger dans le flot d’une époque révolue et pourtant pas si lointaine. Après un temps de résistance assez court, je me suis laissé entraîner par l’auteur dans ce monde imaginaire mais bien réel qui laisse transparaître une émotion profonde qui n’est autre que celle de la vie, tout simplement.

 

Michelangelo 2/11/2020

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