Ellis Peters, de son vrai nom Edith Mary Pargeter est une écrivaine anglaise de renom également traductrice d’œuvres tchèques. Elle met en scène ici un de ses personnages fétiches, le moine bénédictin Cadfael. Cadfael a beaucoup bourlingué avant de prendre l’habit et de devenir herboriste dans l’Abbaye de Shrewsbury, ce qui fait de lui un personnage aux multiples facettes sans être pour autant réellement transgressif.
Au 12ème siècle, l’Angleterre et la Normandie ne faisaient qu’une et les luttes d’influence étaient nombreuses et causaient maintes turbulences. C’est dans ce cadre trouble que l’émissaire de l’Evêque chargé de conforter les liens entre le Nord et le Sud de l’Angleterre disparaît mystérieusement après avoir passé la nuit au château voisin d’Aspley.
Le frère Cadefel va aider son ami le shérif Hugh Beringar à comprendre une situation aussi embarrassante que mystérieuse, d’autant plus mystérieuse que le jeune Meriet, fils de Léoric d’Aspley est soudainement confié aux bons soins de l’abbaye pour y entrer sans tarder en noviciat et prendre l’habit.
Si l’enquête est assez peu palpitante et le rythme du roman modérément vif, on apprécie les efforts déployés pour rendre le cadre historique d’une grande vraisemblance. Mais le frère Cadfael n’est pas le Guillaume de Baskerville de Umberto Eco, et le titre prometteur évoque une réalité qui est loin d’être celle de cet ouvrage où nulle diablerie ne vient troubler la quiétude monastique. Frère Cadfael reste modestement en retrait de l’enquête et l’intrigue se dénouera largement en-dehors de son champ d’action.
Il reste un joli exercice de style, un plongeon dans un univers monastique parfaitement évoqué, avec un réalisme d’une extrême qualité. Les personnages sont bien à leur place et les sentiments des uns et des autres sonnent juste. L’écriture est appliquée et rend parfois le ton qui devait être celui de l’époque. L’ensemble se lit avec plaisir, même si le lecteur ne sera transporté par l’intrigue à aucun moment.
C’est ce qui ressort une fois le roman refermé. Une absence totale de sensations, bonnes ou mauvaises. Le sentiment d’avoir lu un texte qui se tenait sans tenir ses promesses. Le titre racoleur en est l’exemple même. Depuis, on a lu beaucoup mieux dans ce style et Cadfael tombera vite dans l’oubli.
Michelangelo 16/11/2020